6.3.16

O desespero do Sara Ocidental

Le désespoir et le désarroi des populations sahraouies se sont donc exprimés, samedi, au grand jour. Le secrétaire général des Nations unies, qui s’est dit «touché» par l’accueil populaire – et militaire – qui lui a été réservé par des centaines de citoyens sahraouis massés sur les deux côtés de la route qui mène d’un héliport improvisé sur une colline vers le centre administratif de Smara, a dû chambouler son programme à la dernière minute. Son staff, présent en force lors de cette visite, a annulé une rencontre avec des écoliers dans un groupement scolaire et une autre avec des jeunes Sahraouis, prévue au sein du bloc administratif qui gère le camp. Des proches d’un jeune homme tué en février dernier par des militaires marocains, soutenus par des jeunes, ont bloqué l’accès au véhicule onusien. Pis, d’autres membres de la délégation, dont l’envoyé spécial des Nations unies, Christopher Ross, ont dû marcher quelques dizaines de mètres avant de pouvoir s’engouffrer dans la cours de l’école 17 Juin. Des jeunes Sahraouis se sont même attaqués à la voiture de Ban Ki-moon à coups de pierres. Plus de peur que de mal, puisque ces actes n’ont provoqué aucun dégât. Ni humain ni matériel. Dehors, des dizaines de femmes crient «autodétermination» ou encore «Sahara libre». Une manière de faire pression sur les responsables onusiens afin de mener le projet de règlement de ce conflit à son terme. Un incident qui a fait réagir Ban Ki-moon en personne. Lors d’une conférence de presse animée après sa rencontre avec les responsables du Polisario, il a dit «comprendre» la réaction des jeunes Sahraouis qui ont manifesté, selon lui, «une colère qui exprime le sentiment que cette population est oubliée par le monde». Selon lui, l’ONU «fera son possible pour organiser un référendum d’autodétermination». Pour les responsables sahraouis, cette colère est surtout le sentiment que «rien de concret n’est fait». «Les jeunes sahraouis ont exprimé leur désir d’aller vers des choses concrètes», indique Mohamed Khedad, responsable du Polisario. Pas d’engagement concret A Rabouni, où siège le gouvernement sahraoui, la rencontre entre le secrétaire général des Nations unies et les responsables du Polisario a été plus longue que prévu. Les deux parties ont abordé au moins quatre points liés au conflit du Sahara occidental. A commencer par le blocage des pourparlers entre le Maroc et les Sahraouis. Un blocage que le secrétaire général veut lever, malgré la difficulté de la tâche. Il a promis de «faire les démarches nécessaires» auprès de la partie marocaine afin de rapprocher les avis et de retourner à la table des négociations sur la base d’un référendum sur l’autodétermination du peuple sahraoui. «Notre objectif est d’organiser un référendum pour permettre au peuple sahraoui de décider de son avenir», a indiqué le secrétaire général des Nations unies lors d’un point de presse qui a suivi sa rencontre avec le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz. Mais selon Mohamed Khedad, coordinateur sahraoui avec la Minurso, le secrétaire général des Nations unies ne s’est engagé sur rien. Ban Ki-Moon «ne s’est engagé sur rien du tout. Il a juste pris acte et promis de travailler d’avantage» pour se rapprocher des Marocains afin de les faire revenir à la table des négociations. Les autres points de discussion sont liés notamment aux droits de l’homme, à la situation sécuritaire dans la région. «Nous avons discuté du risque d’infiltration de groupes terroristes dans la région», a indiqué le secrétaire général de l’ONU. Un point qui met certainement mal à l’aise les responsables sahraouis. Lors des discussions bilatérales, Ban Ki-moon a exprimé, selon Mohamed Khedad, la confiance de l’organisation onusienne en les responsables sahraouis qui protègent les fonctionnaires des Nations unies et «empêchent l’infiltration des terroristes» dans les camps sahraouis. Sur le plan humanitaire, Ban Ki-moon prévoit d’organiser, dans les prochains jours à Genève, une réunion des donateurs afin de venir en aide aux populations qui habitent dans les camps de réfugiés. Surtout que les denrées de première nécessité commencent à y manquer. Le seul engagement concret qu’a pris Ban Ki-moon — apparemment vexé par le refus du Maroc de le recevoir — est celui de se rendre à El Ayoun «prochainement» pour rencontrer les membres de la mission des Nations unies. Une visite que l’homme maintient malgré le refus des Marocains de recevoir le responsable onusien. «Le maintien de cette visite est la preuve que le secrétaire général des Nations unies ne veut pas céder aux pressions marocaines et celles des membres du Conseil de sécurité. C’est la preuve qu’il ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le territoire sahraoui», a commenté Mohamed Khedad. En définitive, la visite de Ban Ki-moon dans les camps des réfugiés et sa tournée dans la région de Bir Lahlou, dans les territoires contrôlés par les Sahraouis, sont beaucoup plus symboliques. La prochaine étape sera celle de la remise du rapport annuel de l’envoyé spécial, Christopher Ross, aux membres du Conseil de sécurité. Un rendez-vous qui déterminera la mise en place d’un nouveau rapport de force dans la région. Des rapports de force qui détermineront également si Ban Ki-moon se rendra à nouveau dans la région en juin et juillet, à quelques mois seulement de la fin de sa mission à la tête de l’ONU. El Watan

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