7.11.15
Argélia: Bouteflika é Presidente ou fantoche?
Une tentative d’ouvrir une brèche dans le statu quo qui plombe le pays et de percer un mystère : savoir si le chef de l’Etat est ou pas au courant des décisions politiques et économiques qui se prennent en son nom. C’est le sens de la démarche du «groupe des 19», dans lequel figurent des personnalités connues pour être proches de Bouteflika.
En filigrane, les doutes exprimés à la faveur de cette démarche laissent croire que le chef de l’Etat est tenu à l’écart des grandes décisions politiques.
Se pose alors légitimement la question de savoir si Abdelaziz Bouteflika est encore le véritable chef du palais. Si l’opposition radicale ne cesse de marteler une vacance du pouvoir, cette fois-ci la «confirmation» de la prise du pouvoir par des groupes informels vient des alliés mêmes de Bouteflika. Khalida Toumi, Zohra-Drif, pour ne citer qu’elles, connaissent assez bien «la maison» pour ne pas conclure à ce que l’adresse du pouvoir a déjà changé. Visiblement, la situation suggère que Bouteflika semble perdre le contrôle et qu’un transfert du pouvoir se serait opéré sur fond de luttes et de règlements de comptes à l’intérieur des appareils.
Autrement dit, la reconduction de Abdelaziz Bouteflika dans des conditions contestables n’aura servi que de paravent afin de permettre à des groupes d’intérêt de s’emparer des leviers du pouvoir. Un processus engagé quelques mois avant la décision de Bouteflika de «rempiler». Des digues devaient alors céder. A commencer par celle qui, jusque-là, constituait l’armature du régime, le DRS.
Malmené par des assauts répétés venus de l’intérieur du sérail, les hommes forts du Département du renseignement et de la sécurité ont été «éliminés» un par un jusqu’à atteindre le mythique général Toufik.
Il s’ensuivit une prise en main par ce que nombre d’acteurs politiques appellent les «oligarques» qui ont grandi à l’ombre d’un Président qui leur a accordé avantages et privilèges. Une oligarchie en devenir qui, comme sous d’autres cieux où l’exemple a sévi, risque de dompter l’Etat pour s’emparer de ses pouvoirs.
Le parallèle avec la Russie d’Eltsine ou l’Egypte de Moubarak est frappant. Contrôle des secteurs stratégiques de l’économie, main basse sur les institutions, domestication des partis politiques au pouvoir, soumission de l’administration en s’assurant la caution internationale... La révision de la Constitution devrait couronner la marche vers la prise du pouvoir.
Cependant, cette entreprise peut rencontrer une «résistance» de l’intérieur, qui pourrait être suscitée par le choc des ambitions aussi multiples que contradictoires et, dans un moindre degré, celui des egos. Entre ceux inspirés par le maréchal Al Sissi et ceux qui prennent l’exemple des fils de Moubarak, le télescopage risque de s’avérer désastreux.
La guéguerre entre les «alliés» Ouyahia-Saadani en est un des révélateurs. Il va sans dire que la crise économique pourrait dangereusement précipiter les événements.
Le régime, qui a toujours fonctionné sur la base d’arrangements claniques, se trouve privé des instruments d’arbitrage. L’effacement de Bouteflika du devant de la scène complique davantage les possibilités de «compromis» entre les différents blocs. Les tensions risquent de déborder les frontières du sérail. Les mois à venir s’annoncent décisifs.
Hacen Ouali/El Watan
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