29.1.16
O jihadismo nasceu no Sudão
Deux événements ont eu lieu presque simultanément, les 15 et 16 janvier. Le premier à Ouagadougou, au cœur de l'Afrique, le second à Vienne, au centre de l'Europe.
Je me propose de vous dire comment je les perçois et ce que j’en pense.
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1) Les jihadistes ont frappé une nouvelle fois en Afrique ; le vendredi 15 janvier, ils ont tué trente personnes dans un hôtel de Ouagadougou, capitale du Burkina.
Pratiqué par des hors-la-loi et des laissés-pour-compte du système, le jihadisme est avec nous depuis plus d’un quart de siècle. Réinventé et perfectionné par Al-Qaïda, qui fait aujourd’hui figure d’ancêtre, il a été repris depuis peu par son rejeton, Daesh.
On a tendance à oublier que ce jihadisme est né en Afrique, plus précisément au Soudan, et que ses premiers faits d’armes, à la fin du siècle dernier, ont eu pour cibles des ambassades américaines en Afrique de l’Est.
Il a prospéré en Algérie dans les années 1990, puis en Somalie ; on l’a combattu dans ces deux pays sans jamais parvenir à l’éradiquer.
Des « émirs » ont remplacé ceux qui ont été tués ou qui ont renoncé. Ils ont maintenu la flamme, ou l’ont rallumée lorsqu’on la croyait éteinte et ont appris à franchir les frontières.
Le phénomène a ensuite gagné l’Afghanistan, a sévi au Moyen-Orient, a frappé l’Amérique, l’Europe et l’Asie. Bref, il est devenu mondial.
J’ai cité ici même, la semaine dernière, la description juste qu’en a fait Barack Obama dans son discours sur l’état de l’Union :
« C’est une grave menace parce qu’il suffit d’une poignée de terroristes qui n’accordent aucune importance à la vie humaine, y compris à la leur, pour que le danger soit réel. […]
Les jihadistes essaient de se faire passer pour les représentants de l’une des plus grandes religions du monde. C’est un mensonge, car ils ne sont que des fanatiques et des tueurs qu’il faut traquer, déraciner et détruire. […]
L’instabilité et le tumulte qu’ils ont créés vont peut-être durer des décennies. »
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Ce jihadisme est revenu en Afrique, et tout indique qu’il va gagner du terrain. En 2015, il a frappé plusieurs fois au Nigeria, en Tunisie et en Égypte, puis au Mali et, ce 15 janvier, au Burkina.
La base arrière libyenne où il est en train de s’installer, où il peut s’entraîner, trouver armes et refuge, va lui permettre d’acquérir une dimension nouvelle et d’embrasser une aire africaine plus large.
Attendons-nous à voir l’armée française prolonger son séjour dans les pays du Sahel ; elle mobilisera des moyens supplémentaires, français et européens.
Que Barack Obama le veuille ou non, lui-même, dès 2016 – ou, dans un an, son successeur -, engagera, lui aussi, plus de moyens dans la lutte contre le jihadisme en Afrique.
Les pays subsahariens de la zone sahélienne, Nigeria inclus, sont déjà sur le pied de guerre, guettant les allées et venues des chefs jihadistes, écoutant leurs échanges, s’efforçant de déjouer leurs prochains coups : le continent africain est en passe de devenir l’un des principaux théâtres des opérations jihadistes.
La rivalité et la surenchère entre Al-Qaïda et Daesh sont plus nettes en Afrique qu’ailleurs et se feront sentir de plus en plus. Le fait que les jihadistes soient souvent africains et qu’on puisse en recruter facilement sur le continent va compter chaque jour davantage.
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Les meilleurs spécialistes assurent que le nombre total de jihadistes dans le monde (incluant ceux qui sont seulement des soutiens) n’atteint pas 70 000, hommes ou femmes, la plupart jeunes.
Sur les plus de 7 milliards d’êtres humains, il y aurait donc moins de 1 jihadiste ou sympathisant pour 100 000 personnes.
Mais, depuis près de trois décennies qu’ils évoluent parmi nous, leur nombre se maintient ou s’accroît. Ils représentent un danger de plus en plus grand parce qu’ils ont décidé de tuer d’une manière aveugle – et d’aller au-devant d’une mort probable, voire certaine.
Le phénomène n’est pas nouveau, mais a acquis une dimension mondiale. À ce jour, nul n’a trouvé la manière d’en venir à bout.
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2) L’Iran est de retour sur la scène mondiale. Quatorze ans se sont écoulés depuis ce jour de janvier 2002 où George W. Bush a placé l’Iran dans « l’axe du mal ». Ce 16 janvier 2016, Barack Obama l’en a fait sortir.
Pourquoi a-til pris le contre-pied de son prédécesseur ? Pour bien des raisons, dont celle-ci, jamais mise en avant, et que je vous dévoile. Elle est peu connue, mais elle a beaucoup compté.
Ceux qui connaissent le Moyen-Orient savent que les peuples arabes, majoritairement sunnites pour la plupart, n’aiment pas les Américains.
Ils accusent les dirigeants des États-Unis, à juste titre, de soutenir les pouvoirs dictatoriaux qui les oppriment et ils pensent que ces pouvoirs sont « vendus à Washington ».
En règle générale, les peuples arabes du Moyen-Orient se méfient de l’Amérique, lui prêtent l’habitude de conspirer avec leurs dirigeants contre eux.
C’est un fait que la plupart de ces dirigeants sont inféodés à l’Amérique, parce qu’elle les a installés au pouvoir et/ou les protège.
Ils tombent lorsqu’elle leur retire son soutien ou décide de les remplacer.
En Iran, depuis que le chah a été renversé par la révolution islamique et que son pouvoir a été remplacé par celui des mollahs, c’est exactement l’inverse.
Sauf exception, les dirigeants de la République islamique d’Iran, à commencer par le Guide Ali Khamenei, sont antiaméricains. Ils pensent que les États-Unis ne veulent pas d’eux au pouvoir et cherchent à les en écarter.
Le peuple, lui, est très proaméricain. Les élites et la jeunesse de ce pays admirent les États-Unis, connaissent et apprécient leurs arts, leur culture et leurs technologies.
Obama a voulu ignorer l’hostilité des dirigeants iraniens, dont il pense qu’ils ne seront plus là dans cinq ou dix ans, pour miser sur la nouvelle génération, qui sera au pouvoir dans dix ou quinze ans, lorsque l’accord sur le nucléaire iranien, conclu pour dix ans devra être renégocié.
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Quoi qu’il en soit, l’Iran – un grand pays et un grand peuple de 80 millions d’habitants – est de retour sur la scène mondiale.
Israël excepté, c’est le mieux éduqué du Moyen-Orient.
Plus tôt les pays arabes et Israël accepteront ce fait important, mieux cela vaudra.
Pour eux et pour la région.
Béchir Ben Yahmed Jeune Afrique
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