18.10.15
Dinar argelino está em queda
Le prix de la devise sur le marché parallèle flambe. L’euro passe le cap des 170 DA ; il était coté mercredi 172 DA à la vente par les cambistes du square Port Saïd, à 178 DA hier et pourrait même atteindre les 200 DA dans les prochaines semaines.
Une flambée que les cambistes expliquent par une demande de plus en plus soutenue sur l’euro et le dollar, face à une offre de plus en plus limitée. Le fait est qu’aujourd’hui celui qui détient de la devise ne la vend pas ou peu.
Mais qu’est-ce qui pousse les Algériens à acheter de la devise au marché noir ? Au-delà de l’évidence concernant la dépréciation du cours officiel du dinar, c’est le facteur psychologique qui pousse nos compatriotes à acheter en masse des euros et des dollars, devenus depuis quelques semaines des valeurs refuge.
Pour les détenteurs de cash, le marché immobilier n’a donc plus les mêmes attraits.
En cause, le contexte de crise latente qui alimente l’inquiétude des populations. Ainsi, la démarche des pouvoirs publics – consistant à imposer le chèque pour toute transaction immobilière dépassant les 5 millions de dinars et le processus de mise en conformité volontaire pour capter les fonds circulant dans l’informel – a au final engendré l’effet inverse.
Il aura suffi de la rumeur de l’édition d’un nouveau dinar pour que les détenteurs de la chkara se ruent en masse sur les cambistes du marché noir. Il faut cependant admettre que l’élément qui déclenche la panique auprès des acheteurs potentiels est l’inquiétude que suscite le contexte de crise qui prévaut dans le pays. Au-delà des difficultés économiques auxquelles l’Algérie devra face durant les prochains mois, c’est le contexte politique qui «tétanise» plus d’un.
C’est dans ce sens justement que l’économiste et expert M’hamed Hamidouche nous explique que pour les Algériens qui ont accès aux devises, «il n’est plus intéressant de détenir des dinars, au-delà de ce dont ils ont besoin pour couvrir les nécessités quotidiennes». L’économiste évoque en premier lieu la défiance de nos compatriotes envers le dinar, devenu au fil des années une «monnaie de singe».
C’est ainsi que M. Hamidouche explique que «par l’effet combiné de l’inflation réelle et de la dépréciation du cours du dinar qui a perdu, en une année, un quart de sa valeur face au dollar, il devient contreproductif de détenir des dinars qui perdront encore de la valeur dans quelques mois».
A ce facteur, M. Hamidouche ajoute le sentiment de crise générale latente qui prévaut chez nos concitoyens et qui «pousse certains à thésauriser en devises pour avoir de l’argent sous la main» au cas où.
L’économiste reconnaît également l’impact des transferts de devises effectués par les Algériens pour l’acquisition de biens à l’étranger, même s’il estime que le marché a absorbé ce facteur et que pour l’heure les seuls à alimenter ce flux spécifiques sont des Algériens disposant d’assez de moyens pour acquérir des biens sur des marchés immobiliers dépressifs, dans un objectif de spéculation.
Le poids des importateurs
Bien que le facteur psychologique soit déterminant dans le comportement des acheteurs et des vendeurs, certains éléments sous-jacents expliquent aussi en partie la flambée sur le marché des devises.
C’est à ce titre que M. Hamidouche évoque deux éléments. Il s’agit, en premier lieu, de celui relatif aux «écarts constatés entre la ligne de cotation des billets et chèques de voyage publiée par la Banque d’Algérie et les taux de change au niveau banques commerciales», qui s’expliquerait par les marges prélevées sur les transactions de change.
Mais l’élément prédominant reste le comportement des importateurs et des trabendistes qui alimente la demande ces derniers jours. C’est ainsi que l’économiste explique que «certains importateurs qui activent depuis la plateforme de Dubaï recourent massivement, ces derniers jours, au marché parallèle des devises pour alimenter leurs comptes aux Emirats».
En cause, «les transactions commerciales avec la Chine devraient s’arrêter pour une trêve annuelle en décembre et janvier induite par les inventaires que les opérateurs chinois doivent opérer à cette période de l’année. D’où la densification des transactions commerciales avec la Chine en octobre et novembre, expliquant ainsi l’augmentation de la demande en devises».
Dans ce sens l’économiste explique que bien que la Chine soit en zone dollar, la situation pousse ces importateurs à l’achat d’euros «car permettant de plus grosses coupures avec des billets à 500 euros, plus faciles à faire transiter par-delà les frontières».
Il va sans dire que les dernières mesures prises par les autorités consistant à limiter les importations en réduisant les engagements extérieurs des banques, en imposant les licences d’importation et en renforçant les contrôles afin de limiter la surfacturation poussent les détenteurs de fonds à se réorienter vers les circuits informels pour transférer du liquide.
Autrement dit, les mesures devant limiter la saignée ne font au final que l’alimenter. Autant de facteurs qui consolident l’idée que le meilleur contrôle des changes est la confiance que les citoyens, les opérateurs et les investisseurs ont dans l’environnement d’un pays. Melissa Roumadi
Roumadi Melissa/ El Watan
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