3.8.12

Síria: uma tragédia

La Chine a "regretté", vendredi 3 août, la démission de Kofi Annan de son poste de médiateur de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie et assuré que Pékin allait continuer de "travailler à une solution politique" au conflit. "La Chine exprime ses regrets de la démission de Kofi Annan. Nous comprenons la difficulté du travail de médiation d'Annan et respectons sa décision", a indiqué un communiqué du ministère chinois des affaires étrangères. Nommé le 23 février, Kofi Annan a annoncé jeudi à l'ONU qu'il quitterait son poste à la fin de son mandat, le 31 août. Lors d'une conférence de presse annoncée à la dernière minute par l'Organisation, M. Annan a dit ne pas avoir "reçu tous les soutiens que la cause méritait". "Il y a des divisions au sein de la communauté internationale. Tout cela a compliqué mes devoirs, a-t-il souligné. La militarisation croissante sur le terrain et le manque d'unanimité au Conseil de sécurité ont fondamentalement changé mon rôle". Il a indiqué ne pas exclure que son successeur ait "plus de chance" et de "réussite", mais que la "transition" signifie que Bachar Al-Assad doit "tôt ou tard" partir. Dans un entretien au Monde le 7 juillet, Kofi Annan avait déjà exprimé des interrogations quant à son travail et son rôle d'émissaire : "Des efforts importants ont été déployés pour essayer de résoudre cette situation de manière pacifique et politique. A l'évidence, nous n'avons pas réussi. Et peut-être n'y a-t-il aucune garantie que nous allons réussir. Mais avons-nous étudié des alternatives ? Avons-nous mis les autres options sur la table ? J'ai dit cela au Conseil de sécurité de l'ONU, ajoutant que cette mission n'était pas indéfinie dans le temps, comme mon propre rôle". "NOMMER RAPIDEMENT UN SUCCESSEUR" Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a indiqué avoir entamé des consultations avec le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil Al-Arabi pour "nommer rapidement un successeur qui puisse poursuivre ces efforts de paix essentiels". "Kofi Annan mérite notre profonde admiration pour la façon désintéressée avec laquelle il a mis ses formidables et prestigieuses compétences au service de ses missions difficiles et potentiellement ingrates, a souligné Ban Ki-moon. Nous avons travaillé en étroite collaboration ces derniers mois, et je lui suis redevable, à lui, et son équipe pour tout ce qu'ils ont essayé de faire", a-t-il ajouté. Le plan de paix en six points de M. Annan pour régler le conflit en Syrie, prévoyant une cessation des combats entre gouvernement et opposition armée ainsi qu'une transition politique, n'a jamais pu être appliqué. Kofi Annan s'est rendu trois fois en Syrie, en mars, mai et juillet derniers, pour y rencontrer notamment le président syrien Bachar Al-Assad, mais sans pouvoir faire avancer les objectifs de son plan. Le déploiement de 300 observateurs sur le territoire syrien n'est pas non plus arrivé à mettre un terme aux combats, qui se poursuivent plus de seize mois après le début de l'insurrection. La mission vient d'être réduite à 150 hommes seulement. LA RUSSIE ET LA SYRIE REGRETTENT LA DÉMISSION Comme Kofi Annan, Ban Ki-moon a déploré le fait que "les divisions persistantes au sein du Conseil de sécurité sont devenues un obstacle à la diplomatie, rendant le travail de tout médiateur beaucoup plus difficile". Il faisait référence implicitement au blocage au Conseil de trois résolutions sur la Syrie par un veto de Moscou et Pékin depuis le début de la crise syrienne en mars 2011. La Russie, qui a annoncé qu'elle ne soutiendrait pas le projet de résolution présentée à l'Assemblée générale de l'ONU jeudi, a immédiatement réagi en déclarant qu'elle déplorait cette "démission". "Nous comprenons que sa décision lui appartienne", a dit Vitali Tchourkine, représentant permanent de la Russie aux Nations unies."Nous regrettons qu'il ait fait ce choix [...]. Nous avons fortement soutenu les efforts de Kofi Annan. Il lui reste encore un mois à ce poste et j'espère qu'il utilisera cette période aussi efficacement que possible dans ces circonstances très difficiles", a ajouté le diplomate. "Kofi Annan est un homme de grand mérite, un diplomate brillant et un très honnête homme, c'est donc très regrettable", a ensuite déclaré le président Vladimir Poutine, cité par les agences russes. La France a estimé que cette décision "illustre l'impasse dramatique du conflit syrien". Pour les Etats-Unis, elle montre avant tout "l'échec de la Russie et de la Chine pour soutenir des résolutions significatives au Conseil de sécurité contre Assad, qui auraient rendu Assad responsable". Quant au régime syrien, il s'est contenté de "regretter" cette démission et a accusé les "Etats qui cherchent à déstabiliser la Syrie" d'avoir "entravé" la mission de M. Annan, en allusion à l'Occident, à la Turquie et aux pays du Golfe critiques du régime de Bachar Al-Assad. La Syrie a ajouté avoir "toujours prouvé qu'elle était engagée totalement au plan Annan". Le Monde

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