9.12.12
Bissau: todo o relatório de Ban Ki-moon
Rapport du Secrétaire général sur le rétablissement
de l’ordre constitutionnel en Guinée-Bissau
12-60366 (F) 291112 301112
*1260366*
I. Introduction
Distr. générale
27 novembre 2012
Français
Original : anglais
1. Soumis en application de la résolution 2048 (2012), par laquelle le Conseil
m’a prié de lui rendre compte tous les 90 jours de la mise en œuvre de cette
résolution, notamment en ce qui concerne le rétablissement et le respect de l’ordre
constitutionnel en Guinée-Bissau, ainsi que de la situation humanitaire dans le pays,
le présent rapport passe en revue les principaux faits nouveaux survenus depuis mon
dernier rapport en date du 12 septembre 2012 (S/2012/704).
II. Rétablissement et respect de l’ordre constitutionnel
A. Situation politique
1. Vue d’ensemble de la situation politique dans le pays
2. La situation politique en Guinée-Bissau n’a dans l’ensemble guère évolué au
cours de la période à l’examen. L’adoption de dispositions de transition faisant
intervenir tous les acteurs politiques ou l’élaboration d’un plan d’action consensuel
visant à rétablir intégralement l’ordre constitutionnel ont peu progressé. Les
conditions de sécurité se sont nettement détériorées à la suite de l’attaque armée
qu’a subie le 21 octobre le régiment aéroporté de la base de l’armée de l’air de
Bissalanca à Bissau.
3. Les consultations engagées par le Président de transition, Serifo Nhamadjo,
avec les partis politiques à l’Assemblée nationale, notamment le Parti africain pour
l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), en vue de promouvoir une
transition sans exclusive, n’ont pas abouti non plus. Des tentatives du même ordre,
menées par le PAIGC auprès de représentants d’autres partis politiques et de la
société civile, n’ont pas non plus abouti. Des partisans de la transition, notamment
le Parti du renouveau social (PRS), deuxième parti au Parlement, se sont déclarés
opposés à ces initiatives, estimant que le PAIGC était déjà largement représenté au
sein des structures de transition. S’adressant à la section de la jeunesse de son parti,
le 14 septembre, le dirigeant du PRS, KoumbYalá, a averti que le PAIGC ne devrait
pas tenter de modifier les dispositions actuelles de transition.
S/2012/887
4. Le 15 septembre, le Frente Nacional Anti-Golpe (FRENAGOLPE), une
coalition de parties et d’organisations opposées au coup d’État du 12 avril, a accusé
les autorités de fait de vouloir réduire au silence les dirigeants de l’opposition, y
compris ses membres, qui avaient dans des déclarations dénoncé l’aggravation du
trafic de drogues en Guinée-Bissau. Le 28 septembre, le Secrétaire général du
FRENAGOLPE a affirmé que la coalition avait réuni près de 100 000 signatures
dans le cadre d’une campagne visant à obtenir le retour au pouvoir des dirigeants
renversés en avril. Le même jour, le Secrétariat national du PAIGC a cependant
appelé à la suspension des activités du FRENAGOLPE, qu’il jugeait incompatibles
avec les efforts déployés par le PAIGC en vue d’un rapprochement avec les autorités
de fait.
5. Malgré les tensions politiques dues au fait qu’ils aient tous les deux tenté de
prendre la pale lors du débat général de la soixante-septième session de l’Assemblée
générale à New York, le Président par intérim chassé du pouvoir, Raimundo Pereira,
et le Président de transition, Serifo Nhamadjo, se sont entretenus brièvement le
29 septembre à New York sous les auspices de l’Union africaine. Leurs Ministres
respectifs des affaires étrangères ont ensuite tenu une réunion à huis clos au Bureau
de l’Union africaine de New York, au cours de laquelle ils sont convenus des points
suivants : a) une mission conjointe composée de l’Union africaine, des Nations
Unies, de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest
(CEDEAO), de la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) et de l’Union
européenne (UE) devrait être déployée en Guinée-Bissau; b) les acteurs nationaux
devraient mener un dialogue sans exclusive; et c) l’Union africaine et l’ONU
devraient organiser à Addis-Abeba une réunion à laquelle participeraient des
représentants des deux parties.
6. Cependant, le Ministre de transition des affaires étrangères a, lors d’une
conférence de presse organisée le 5 octobre, laissé entendre que la tenue de cette
réunion à Addis-Abeba était incertaine, en affirmant qu’il n’y avait rien à négocier
puisque le Gouvernement de transition avait été constitué pour faciliter le retour à
l’ordre constitutionnel. Il a également accusé l’ONU d’avoir abandonné la GuinéeBissau
et de
ne
pas
jouer de
rôle de conciliation.
7. Le 21 octobre, les autorités de fait ont annoncé dans un communiqué que les
forces armées avaient repoussé une attaque menée par un groupe armé contre le
régiment aéroporté de la base de l’armée de l’air de Bissalanca à Bissau, le bilan
étant de six morts. Les autorités ont indiqué dans ce communiqué que deux
personnes avaient été interpellées tandis que plusieurs autres avaient pris la fuite.
Elles ont également décrit cette offensive comme une tentative visant à déstabiliser
le pays et à faire revenir au pouvoir le Premier Ministre Carlos Gomes Júnior et ont
accusé les membres de la CPLP, et en particulier le Portugal et le Cap-Vert, d’en
avoir été les instigateurs et de favoriser l’instabilité en Guinée-Bissau de façon à
justifier l’intervention d’une force militaire mandatée par l’ONU.
8. Le 22 octobre, le Premier Ministre de transition a informé les membres du
corps diplomatique en poste à Bissau que l’attaque du 21 octobre avait été menée
par des « étrangers » sous la direction d’un officier bissau-guinéen, le capitaine
Pansau N’Tchama, qui avait servi sous le commandement du général António Indjai,
actuellement chef d’état-major des forces armées, et du vice-amiral Zamora Induta,
ancien chef d’état-major des forces armées renversé lors de la mutinerie du 1
2010. En outre, dans un communiqué publié le 28 octobre à la suite d’une réunion
12-603662
er
avril
S/2012/887
312-60366
extraordinaire du Conseil des ministres, les autorités de fait ont exigé que Lisbonne
s’explique sur l’expédition « terroriste » de M. N’Tchama et ont émis des réserves
quant à l’avenir des relations avec la CPLP. Elles ont également fait savoir aux
représentations internationales à Bissau que la protection de « terroristes » ne serait
pas tolérée.
9. L’attaque du 21 octobre a été condamnée à l’échelle nationale, régionale et
internationale, y compris par le PRS, le Mouvement de la société civile pour la paix,
la démocratie et le développement, l’église catholique, l’ONU et d’autres
partenaires internationaux, y compris la CPLP, l’Union africaine et la CEDEAO. Le
22 octobre, le Gouvernement portugais a appelé à un règlement pacifique des
problèmes de la Guinée-Bissau par un processus politique sans exclusive,
conformément à la résolution 2048 (2012) du Conseil de sécurité et a souligné
qu’une solution militaire était inacceptable. Le 24 octobre, le « gouvernement en
exil » (selon ses propres termes) de la Guinée-Bissau a condamné dans un
communiqué l’attaque et demandé à l’ONU d’établir une commission d’enquête
chargée de faire la lumière sur le décès des six personnes. Il demandait également
dans ce communiqué qu’une cour pénale internationale pour la Guinée-Bissau soit
créée immédiatement et qu’une force armée internationale soit envoyée dans le
pays.
10. Le 24 octobre, au terme d’une réunion du Conseil des ministres, présidée par
le Président de transition, le porte-parole des autorités de fait a déclaré lors d’une
conférence de presse que les cinq premiers mois de la transition avaient été
« extrêmement difficiles » mais que les autorités de fait avaient été en mesure de
verser les traitements dus et continueraient de le faire. Il a expliqué les difficultés
financières auxquelles se heurtaient les autorités de fait par, entre autres, les
conditions défavorables du marché d’exportation des noix de cajou, la suspension
d’un accord sur la pêche avec l’Union européenne et le ralentissement général de
l’activité économique à l’échelle nationale. Il a indiqué que le fait que certains pays
ne reconnaissaient pas les autorités de fait et avaient interrompu leur assistance avait
exacerbé le problème et a ajouté que les élections ne pourraient avoir lieu sans
l’appui des partenaires internationaux de la Guinée-Bissau.
2. Vue d’ensemble de la situation des droits de l’homme en Guinée-Bissau
11. La situation des droits de l’homme s’est nettement détériorée au cours de la
période à l’examen. À la suite de l’attaque armée du 21 octobre, le nombre de
graves violations des droits de l’homme signalées, y compris de tortures et
exécutions sommaires, a augmenté. On craint que le droit à la vie, à la sécurité
personnelle et physique, à l’intégrité physique, à la propriété privée et à l’accès à la
justice ainsi que la liberté de réunion, d’opinion et d’information continuent d’être
bafoués. En outre, certains éléments du groupe ethnique des Felupe-Djola qui
avaient été accusés d’avoir soutenu l’attaque ont subi des violations de leurs droits
fondamentaux; des cas de harcèlement, torture et meurtre ont notamment été
signalés.
12. L’armée et les services de renseignement de la Guinée-Bissau ont mené des
opérations de sécurité, y compris des perquisitions systématiques, dans des quartiers
de Bissau et d’autres régions du pays, soi-disant pour capturer les auteurs de
l’attaque présumée et leurs complices. Ils ont également enlevé et torturé le chef du
FRENAGOLPE, Iancuba Djola N’djai, et le dirigeant du Mouvement démocratique
S/2012/887
guinéen, Silvestre Alves, qui avaient tous deux mis en garde les autorités contre
toute déclaration infondée relative à l’attaque. Ils ont en outre recherché l’ancien
Secrétaire d’État et membre du PAIGC, Tomás Barbosa, accusé de complicité dans
l’attaque présumée du 21 octobre, et un autre politicien, Ibraima Sow, qui ont tous
les deux pris la fuite. Ces actes ont instauré un climat général de peur et d’insécurité
dans le pays. Le 23 octobre, le porte-parole des autorités de fait a condamné les
détentions illégales et agressions, qui constituaient, a-t-il dit, des violations
flagrantes de la Constitution. Le même jour, les forces armées ont publié une
déclaration dans laquelle elles niaient toute implication dans ces agressions
contraires à la loi et affirmé leur volonté de protéger les droits fondamentaux des
citoyens. M. N’djai et M. Alves, qui ont été violemment battus et ont nécessité des
soins médicaux intensifs, ont été évacués respectivement à Dakar le 25 octobre et à
Lisbonne le 27 octobre.
13. Le 27 octobre, l’armée a bouclé l’île de Bolama au cours d’une opération
militaire qui a conduit à l’arrestation du capitaine N’Tchama. Quatre civils qui se
trouvaient en compagnie du capitaine ont été tués et deux officiers détenus. L’armée
a également perquisitionné des maisons, agressé des civils et contraint certains
d’entre eux à se joindre aux recherches. Un civil aurait alors été tué et trois autres
torturés avant d’être sommairement exécutés. Leurs corps ont été abandonnés sur le
rivage et inhumés par leur famille au même endroit. L’un des deux hommes qui
auraient aidé à mener le capitaine N’ Tchama à Bolama, un militaire, est également
porté disparu.
14. À la suite de cette opération, le porte-parole des forces armées, Daba Na
Walna, a déclaré à la presse que le capitaine N’Tchama comptait assassiner le chef
de l’état-major des armées et son personnel, sur les ordres du vice-amiral Zamora
Induta, qui se trouverait en Gambie. Il a également fait savoir qu’un ancien chef
d’état-major adjoint de la marine soupçonné d’avoir participé à l’attaque, le
commandant Jorge Sambu, avait été interpellé.
15. Le 10 novembre, le chef du bureau de la télévision portugaise (RTP) à Bissau a
quitté le pays après que le porte-parole des autorités de fait ait demandé à la RTP de
le remplacer, au motif qu’il se serait « manifestement écarté » des objectifs en
fonction desquels le bureau avait été autorisé à opérer. Cette affaire a fait craindre
que la liberté de presse soit menacée.
16. Le Mouvement national de la société civile pour la paix, la démocratie et le
développement (MSC) et la Ligue des droits de l’homme de la Guinée-Bissau ont
condamné les violations des droits de l’homme perpétrées dans ce pays et ont
exhorté les autorités nationales à s’acquitter de leurs obligations et à combattre
l’impunité en cas de persécutions et de violations de l’intégrité physique d’une
personne. Le Mouvement national a également demandé aux autorités de fait et aux
forces armées d’établir une commission d’enquête conjointe chargée de faire la
lumière sur tous les crimes liés à l’attaque du 21 octobre, tandis que la Ligue des
droits de l’homme a prié la communauté internationale de coordonner ses efforts en
vue de remédier aux problèmes de la Guinée-Bissau et en particulier de combattre
l’impunité institutionnalisée et l’instabilité permanente.
12-603664
S/2012/887
3. Action menée à l’échelle nationale, régionale et internationale
en faveur du rétablissement et du respect de l’ordre constitutionnel
512-60366
17. Pendant la période à l’examen, mon Représentant spécial s’est employé à tenir
des consultations avec les acteurs nationaux en vue de susciter un dialogue mené par
les Bissau-Guinéens eux-mêmes, qui permettrait de surmonter les divisions
nationales et de parvenir à un consensus sur les conditions nécessaires à une
transition pacifique et au maintien de la paix par la suite. Il s’est, dans ce contexte,
entretenu le 19 septembre avec des représentants des autorités religieuses qui ont
exprimé leur volonté de promouvoir et de faciliter un dialogue national plus large et
ouvert à tous avec les dirigeants politiques et de la société civile. Ces chefs religieux
ont souligné l’importance de préserver leur indépendance et de résister aux
pressions nationales et internationales. À la suite de leur demande d’assistance
technique, le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en
Guinée-Bissau (BINUGBIS) est convenu de dispenser une formation aux techniques
d’animation à un groupe de représentants des diverses congrégations.
18. Le 4 octobre, l’association Voz di Paz (Voix de la paix), qui vise à engager un
dialogue participatif à l’échelle locale, a organisé une journée de séminaire de
réflexion avec des acteurs politiques et civils sur le thème « Transition : quel avenir
pour la Guinée-Bissau », en partenariat avec l’organisation non gouvernementale
internationale suisse, Interpeace. Les participants se sont à l’unanimité déclarés
opposés à une transition qui ne viserait qu’à organiser de nouvelles élections et ont
demandé à Voz di Paz et d’autres acteurs nationaux de poursuivre leur réflexion sur
les modalités à adopter pour que la transition contribue à mettre fin au cycle de la
violence politique et militaire.
19. Mon Représentant spécial a également continué à organiser des réunions
bimensuelles des partenaires internationaux présents à Bissau afin d’échanger des
informations et de coordonner leur action. À la suite d’une réunion organisée le
1
er
novembre, il a publié une déclaration conjointe au nom des partenaires
internationaux, dans laquelle ces derniers réaffirmaient leur volonté d’appuyer les
efforts nationaux en faveur d’un dialogue véritable et ouvert à tous visant à instaurer
un climat politique et des conditions de sécurité propices à une transition pacifique
qui s’achèverait par la tenue d’élections et marquerait le retour à l’ordre
constitutionnel.
20. Le 14 novembre, le BINUGBIS a organisé une réunion de représentants de la
Commission chargée d’organiser une conférence nationale, de Voz di Paz et des
autorités religieuses afin de faciliter la synergie de diverses initiatives de dialogue.
Les participants à cette réunion ont discuté des objectifs de leurs groupes respectifs
et d’éventuels domaines de collaboration et sont convenus de la nécessité de
s’entraider et de collaborer.
21. Le 16 novembre, Voz di Paz a lancé son « appel pour un contrat social », en
présence du Président de transition, de l’évêque auxiliaire de Bissau, qui
représentait les dirigeants religieux, d’officiers, de représentants de plusieurs
organisations de la société civile et partis politiques et de représentants de la
communauté internationale. Après une présentation des précédentes transitions
politiques en Guinée-Bissau, Voz di Paz a demandé aux acteurs nationaux de mettre
à profit la période de transition pour procéder à des changements qui contribueraient
à régler les problèmes structurels politiques et militaires du pays, quand bien même
cela aurait pour effet de prolonger la transition.
S/2012/887
22. Le 15 novembre, la première session ordinaire de l’année parlementaire 20122013
a officiellement
débuté. Dans
sa
déclaration
liminaire, le
Président
de
l’Assemblée
nationale
par intérim,
Ibraima
Sory Djaló,
a souligné qu’il importait
que
l’Assemblée
nationale
reprenne
ses
travaux
et
a mis l’accent
sur le rôle
important
des parlementaires
dans l’obtention
de solutions
à la crise
politique. Il
a
reconnu
qu’il
fallait faire participer
tous les acteurs
nationaux
aux efforts
déployés
en
vue
de
surmonter
les
obstacles
internes
de
façon
à résoudre
la
crise
et a
en
particulier
demandé au
PAICG
et
au PRS
de jouer un rôle
positif.
Dans sa
déclaration,
le
Président
de
transition a mentionné le
rôle
essentiel,
sur le
plan
législatif,
de
l’Assemblée
nationale
dans la
transition et a appelé
de
ses
vœux l’unité
dans
la diversité. À l’ordre
du jour
de
la
session,
qui
s’achèvera le 15 décembre
2012,
figurent
notamment l’attribution
des
postes vacants
du Bureau du Parlement,
la
révision de la
loi électorale,
la prorogation
du mandat
de l’Assemblée
nationale
et
l’élection
du
nouveau président
de
la Commission électorale
nationale
qui
remplacera
Desejado
Lima da
Costa, décédé à
Lisbonne
le 23 octobre.
Il convient
de
noter
qu’à
la suite d’une
réunion
du Président
de transition et
de délégations du
PAIGC
et du
PRS, tenue le
16 octobre,
le Secrétaire
général du PRS
a fait savoir
qu’il
était
hors
de question
de remplacer le
Président par intérim
de l’Assemblée,
Sory
Djaló, membre
du PRS
et alors deuxième Vice-Président,
car ce
poste
lui
revenait
en
vertu
d’un
« impératif
constitutionnel
».
Le 20
novembre,
les
parlementaires
ont approuvé
la prorogation
du mandat de l’Assemblée
nationale
jusqu’à
l’investiture
de
nouveaux élus.
23. Les efforts déployés à l’échelle internationale se poursuivent en vue de
surmonter les divergences entre les partenaires internationaux de la Guinée-Bissau
quant aux prochaines mesures à prendre pour rétablir l’ordre constitutionnel. À sa
onzième session extraordinaire tenue le 24 septembre à New York, le Conseil des
ministres de la CPLP a réaffirmé qu’un éventuel dialogue avec la CEDEAO serait
régi par les principes directeurs suivants : a) le respect de la légalité internationale;
b) l’adhésion au cadre constitutionnel de la Guinée-Bissau; c) un processus sans
exclusive sur le plan politique, faisant intervenir le PAIGC, qui « garantit le retour,
dans des conditions de sécurité, des citoyens Carlos G. Júnior, le candidat ayant
obtenu le plus de voix au premier tour des élections, et de Raimundo Pereira,
Président par intérim au moment du coup d’État ». Le Conseil des ministres de la
CPLP a chargé son Secrétaire exécutif de rencontrer le Président de la CEDEAO en
marge de la soixante-septième session de l’Assemblée générale afin de débattre de
la situation en Guinée-Bissau et de formuler des recommandations sur les moyens
de régler la crise.
24. Le 28 septembre, la Commission de l’Union africaine pour la paix et la
sécurité et le Département des affaires politiques de l’ONU ont coprésidé une
réunion des représentants de l’Union africaine, de la CEDEAO, de la CPLP et de
l’Union européenne à New York visant à harmoniser les positions des partenaires
internationaux sur la voie à suivre en Guinée-Bissau conformément à la résolution
2048 (2012) du Conseil de sécurité. Les participants à la réunion ont conclu que
l’Union africaine et l’ONU continueraient de faciliter les efforts visant à surmonter
les divergences entre les partenaires internationaux quant aux dispositions à prendre
pour assurer le rétablissement intégral de l’ordre constitutionnel en Guinée-Bissau
et que la prochaine réunion de ce type aurait lieu à Addis-Abeba. Le lendemain,
l’Union africaine a accueilli à New York la réunion des Ministres des affaires
étrangères du gouvernement renversé et des autorités de fait, après un bref échange
12-603666
S/2012/887
712-60366
entre le Président par intérim chassé du pouvoir, Raimundo Pereira, et le Président
de transition, Serifo Nhamadjo. Les Ministres sont convenus du déploiement d’une
mission commune en Guinée-Bissau, de la nécessité de mener un dialogue sans
exclusive et de la tenue d’une réunion de suivi à Addis-Abeba qui serait animée
conjointement par l’Union africaine et l’ONU.
25. Le 9 octobre, mon Représentant spécial a informé les membres du corps
diplomatique accrédités auprès de la Guinée-Bissau et résidant à Dakar de
l’évolution de la situation sur le terrain et des efforts déployés en matière de
coordination. Ces interlocuteurs se sont déclarés gravement préoccupés par le
manque de progrès actuel et ont réaffirmé la nécessité de mettre en œuvre la
décision adoptée par la CEDEAO en juin 2012 à Yamoussoukro, selon laquelle les
acteurs politiques et la société civile devaient œuvrer ensemble « pour parvenir à un
gouvernement véritablement représentatif afin d’assurer une transition
consensuelle ». Ils ont en outre souligné qu’il importait au plus haut point
d’instaurer des conditions de sécurité favorables et un dialogue véritable et sans
exclusive entre tous les acteurs bissau-guinéens afin de parvenir au consensus et aux
compromis nécessaires aux progrès à accomplir pour rétablir l’ordre constitutionnel.
26. Le 18 octobre, mon Représentant spécial et le Représentant spécial de l’Union
africaine et Chef du Bureau de liaison de l’Union africaine en Guinée-Bissau,
Ovidio Pequeno, se sont rendus à Luanda à la demande des autorités angolaises pour
participer à des consultations sur la Guinée-Bissau. Ils ont rencontré le Ministre
angolais des relations extérieures, Georges Chikoti, et d’autres représentants du
Gouvernement avec lesquels ils ont examiné des moyens de renforcer l’engagement
de l’Angola en faveur de la Guinée-Bissau, en particulier en intensifiant les
consultations avec la CEDEAO en vue de remédier à la situation de manière
consensuelle. Les autorités angolaises ont également fait part de leur volonté de
poursuivre, à la fois dans le cadre de la CPLP et sur le plan bilatéral, leur action
visant à favoriser la coopération avec la Guinée-Bissau et mettre un terme à la crise.
27. À la suite de sa réunion du 2 novembre, le Conseil de la paix et de la sécurité
de l’Union africaine a publié un communiqué dans lequel il soulignait la nécessité
de poursuivre les efforts déployés sur le plan régional et international en vue de
consolider les progrès accomplis dans la recherche d’une solution durable à la
situation qui règne en Guinée-Bissau et exhortait les parties concernées à maintenir
l’ordre public, préserver l’intérêt de la population bissau-guinéenne et faire preuve
de l’esprit de retenue et de compromis nécessaire pour régler les difficultés
multidimensionnelles que connaît le pays. Il a également approuvé le déploiement
de la mission conjointe à Bissau proposé par les Ministres des affaires étrangères du
gouvernement chassé du pouvoir et des autorités de fait et est convenu de se réunir
de nouveau pour procéder à un examen approfondi de la situation à la lumière d’un
rapport détaillé du Président de la Commission qui lui serait présenté dans un délai
de 60 jours.
28. Les chefs d’État et de gouvernement des pays membres de la CEDEAO ont
quant à eux examiné la situation en Guinée-Bissau le 11 novembre à Abuja et ont
ensuite publié un communiqué dans lequel ils ont donné pour instructions à la
Commission de la CEDEAO d’accélérer l’action à mener en ce qui concerne la
mission d’évaluation commune en Guinée-Bissau, qui constituait à leurs yeux une
étape importante de la recherche d’un consensus à l’échelle internationale. Ils ont en
outre encouragé les partenaires de la Guinée-Bissau à unir leurs efforts visant à
S/2012/887
renforcer la transition et assurer la crédibilité du processus qui aboutira à la tenue
d’élections en avril 2013 au plus tard. Ils ont également demandé à l’Union africaine
de reconnaître le Gouvernement de transition de la Guinée-Bissau, établi avec l’aide
de la CEDEAO et exhorté l’Union africaine de suspendre les sanctions imposées à
la Guinée-Bissau, de manière à encourager les autorités de transition et reconnaître
les progrès que le pays continue d’accomplir en vue de disposer d’un gouvernement
de transition plus représentatif.
4. Efforts en faveur d’un processus électoral démocratique
29. Le 3 octobre, le Conseil des ministres des autorités de fait s’est réuni pour
examiner les préparatifs des élections générales, qui devraient se tenir en mars 2013.
Le Ministre de transition de l’économie, qui avait été chargé de lancer un appel
d’offres restreint portant sur un système d’inscription biométrique des électeurs, a
indiqué que 16 entreprises avaient manifesté leur intérêt et fait savoir qu’il faudrait
de six à sept mois pour mener à bien le projet. Le Conseil a, au cours de cette
réunion, approuvé une décision du Premier Ministre de transition visant à créer une
commission chargée d’assurer la sécurité lors du processus électoral.
30. Lors d’une réunion avec le BINUGBIS tenue le 31 octobre, le Ministre de
transition de l’administration territoriale a confirmé que les élections auraient lieu
en mars 2013, ainsi que l’avaient prévu les autorités de fait. Il a cependant indiqué
qu’il pourrait être nécessaire de réviser cette date en raison de difficultés
financières, du manque d’appui des partenaires internationaux et d’incertitudes
politiques. Il a également fait savoir que l’établissement des cartes électorales avait
été mené à bien dans les huit régions du pays. Il a enfin annoncé qu’il avait consulté
trois partis politiques représentés au Parlement, à savoir le PAIGC, le PRS et le Parti
républicain pour l’indépendance et le développement sur plusieurs questions
relatives à la loi électorale et au fonctionnement de l’Assemblée nationale.
B. Situation en matière de sécurité
31. Au cours des semaines qui ont précédé la Journée nationale du 24 septembre,
l’armée a établi des postes de contrôle dans les régions de Bafatá, Quebo et Gabú, à
titre de précaution, a-t-elle dit. Le jour des célébrations, organisées par les forces
armées, les forces de sécurité de la Mission de la CEDEAO en Guinée-Bissau
étaient massivement présentes sur les lieux, bien qu’elles ne participent pas au
défilé militaire. Le Président de transition a présidé les célébrations en présence du
chef de l’état-major de l’armée de la Côte d’Ivoire, du chef de l’état-major adjoint
de l’armée du Burkina Faso et du chef de l’état-major de l’armée de l’air du
Sénégal. Les annonces de promotion, généralement sources de tensions dans
l’armée, n’ont pas eu lieu contrairement aux attentes des militaires.
32. Du fait des capacités d’intervention très restreintes des forces de l’ordre de la
Guinée-Bissau, le territoire national demeure pour les groupes de criminalité
organisée un lieu où faire transiter sans difficulté le trafic de drogues international.
Selon certaines informations, ce trafic s’effectuerait avec l’appui de membres des
forces de la défense et de sécurité, ainsi que des élites politiques. Le trafic de
cocaïne s’est ainsi constamment développé en Guinée-Bissau. D’après des services
de renseignement internationaux, ce trafic aurait lieu une ou deux fois par semaine
sans aucune intervention des pouvoirs publics. Il semble également que le mode
12-603668
S/2012/887
912-60366
opératoire des trafiquants consiste à acheminer des stupéfiants en Guinée-Bissau à
bord de petits aéronefs qui atterrissent sur des sites clandestins ou de navires
amarrés le long de la côte. Des centaines de kilos de cocaïne seraient ainsi introduits
clandestinement lors de chaque opération. Les activités de criminalité organisée font
peser une menace supplémentaire sur l’état de droit, la stabilité intérieure et le
rétablissement intégral de l’ordre constitutionnel. L’Office des Nations Unies contre
la drogue et le crime a dispensé le 28 septembre à des magistrats et membres des
forces de l’ordre un module de formation spéciale sur le blanchiment de fonds et le
financement du terrorisme. Ce stage de formation, organisé par la Cellule de
renseignements financiers, avait pour objectif de renforcer la mobilisation des
institutions nationales face au blanchiment de fonds lié à la criminalité organisée et
au trafic de drogues dans la sous-région.
33. À la suite de l’attaque du 21 octobre, des points de contrôle de fortune, gardés
par du personnel de sécurité en civil, ont été établis pour fouiller et contrôler les
véhicules entrant à Bissau dans le quartier de Penha, où sont situés de nombreuses
ambassades ainsi que le BINUGBIS. Quelques véhicules des Nations Unies ont été
soumis à des fouilles illicites effectuées par les forces de la défense et de la sécurité
nationales et des membres du personnel des Nations Unies recrutés sur le plan
national ou international ont fait l’objet d’intimidations émanant de membres des
services de renseignement et des forces de sécurité. Lors d’une réunion avec mon
Représentant spécial le 30 octobre, le Président de transition a tenté de justifier ces
mesures en arguant que le pays traversait une période exceptionnelle. Les points de
contrôle ont par la suite été retirés bien que le quartier ait continué d’être surveillé
pour des raisons de sécurité. Il importe à cet égard de noter que le Procureur
général, qui est entré en fonctions le 27 août, n’a pas ouvert d’enquête sur l’attaque
du 21 octobre et les événements qui ont suivi. Il a en revanche, le 23 octobre, arrêté
un décret dans lequel il déléguait à l’armée le pouvoir de mener ces enquêtes.
34. Au cours de la période à l’examen, le BINUGBIS a maintenu la
communication avec les représentants des institutions nationales relatives à la
réforme du secteur de la sécurité, y compris la police, le secrétariat permanent du
Comité directeur de la réforme du secteur de la sécurité, les forces armées et le
pouvoir judiciaire. Le BINUGBIS a également entretenu des relations de travail
avec ses homologues internationaux œuvrant en faveur de la réforme du secteur de
la sécurité, en vue de favoriser l’échange d’informations et la coordination
concernant la gouvernance de ce domaine.
35. Le 7 novembre, le Président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré
Ouédraogo, et le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale
des autorités de fait, Faustino Fudut Imbali, ont signé un mémorandum d’accord sur
la mise en œuvre du plan de marche relatif à la réforme du secteur de la sécurité
approuvée par la CEDEAO et la CPLP en 2011. Ce mémorandum prévoit des projets
de réforme du secteur de la sécurité d’un coût estimatif de 63 millions de dollars. Il
comprend des dispositions favorables au fonds de pension spécial destiné aux
militaires et membres du personnel de police retraités, à la démobilisation initiale
des forces de défense et de sécurité, à la formation, à la protection des institutions
étatiques, à l’établissement et la protection des commissions judiciaires d’enquête et
à la remise en état de l’infrastructure militaire.
36. À la suite d’une réunion des chefs d’État et de gouvernement de ses pays
membres, tenue à Abuja le 11 novembre, la CEDEAO a publié un communiqué dans
S/2012/887
lequel elle « remerciait les troupes de la Mission de la CEDEAO en Guinée-Bissau
et les pays fournisseurs de contingents de leurs efforts en Guinée-Bissau ». Elle a
également décidé de proroger d’un semestre le mandat initial de six mois de la
Mission, qui devait s’achever le 17 novembre.
III. Situation sur le plan socioéconomique et humanitaire
37. Les prévisions de croissance économique pour 2012 étaient inférieures à 2,5 %
fin juillet, contre 4,5 % en début d’année. Cette variation s’explique principalement
par la réduction de la production et des exportations de noix de cajou et la
diminution des investissements publics. Malgré les efforts déployés pour mobiliser
des ressources intérieures et extérieures, le déclin général de l’activité économique,
assorti de la suspension de l’appui financier des partenaires internationaux, a
conduit les autorités de fait à réviser leurs estimations à la baisse, le budget de 2012
passant de 116,1 milliards selon les prévisions à 100,4 milliards de francs CFA. Les
institutions nationales risquent de ce fait de ne pas pouvoir assurer le
fonctionnement minimal de l’administration publique et des services sociaux de
base, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’eau et de
l’assainissement.
38. Le 8 octobre, le Ministère de la santé a officiellement fait état d’une flambée
épidémique de choléra, les deux premiers cas, dont un mortel, ayant été signalés le
26 août. Au 21 novembre, 2 563 cas et 20 décès avaient été recensés, principalement
à Bissau et dans les régions de Bijagos, de Biombo, d’Oio, de Quinara et de
Tombali. Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et l’Organisation
mondiale de la Santé (OMS) s’emploient, en étroite collaboration avec Médecins
sans frontières et des acteurs nationaux, à mener une action de prévention et
dispenser des soins à plus grande échelle, notamment par la distribution de
nécessaires contre le choléra dans les neuf régions, l’apport d’appui aux centres de
traitement de cette maladie, la sensibilisation de la population, la collecte de
déchets, ainsi que des activités de suivi et de coordination.
39. Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ayant
suspendu le versement de ses subventions en août 2011, en raison, d’après certaines
informations, de lacunes des programmes, de mauvaise gestion financière et des
troubles politiques en Guinée-Bissau, l’équipe commune des Nations Unies contre
le VIH/sida a aidé le Secrétariat national de la lutte contre le VIH/sida à restructurer
le projet du Fonds mondial et à obtenir des financements pour 2014 et 2015 par
l’intermédiaire du mécanisme de financement de transition du Fonds mondial.
L’équipe commune des Nations Unies appuie également les efforts menés en matière
de plaidoyer en vue de mobiliser les fonds nécessaires à des projets urgents liés au
VIH/sida.
40. Le 17 septembre, le Ministère de l’éducation a officiellement annoncé le début
de la nouvelle année scolaire 2012/13, qui commence plus tôt que d’habitude de
façon à rattraper le temps perdu lors de la fermeture de la plupart des écoles
publiques avant et après le coup d’État du 12 avril. Les deux syndicats
d’enseignants, le Sindicato Nacional dos Professores (SINAPROF) et le Sindicato
Democratico dos Professores (SINDEPROF), ont cependant entamé le même jour
une grève de 60 jours à cause du non-versement des salaires à certaines catégories
de personnel et des conditions de travail. Bon nombre d’établissements publics sont
12-6036610
S/2012/887
1112-60366
donc restés fermés au cours de la période à l’examen, tandis que les négociations
entre le Ministère de l’éducation et les syndicats se poursuivaient. Un accord a
finalement été signé avec les autorités de fait le 6 novembre et la plupart des
établissements d’enseignement publics ont rouvert leurs portes le 7 novembre.
IV. Interdiction de voyager
41. Le 18 septembre, le Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la
résolution 2048 (2012) concernant la Guinée-Bissau a adressé des lettres aux
Représentants permanents de la Côte d’Ivoire et du Sénégal auprès de
l’Organisation des Nations Unies, afin d’obtenir des précisons sur certaines
informations indiquant que le général António Injai (également connu sous le nom
d’António Indjai), l’un des 11 individus faisant l’objet d’une interdiction de voyager
en application du paragraphe 4 de la résolution 2048 (2012) du Conseil de sécurité,
se serait rendu en Côte d’Ivoire. Le 16 octobre, le Représentant permanent de la
Côte d’Ivoire a répondu à la lettre du Président du Comité en confirmant que le
général Injai s’était bien rendu à Abidjan le 7 août.
V. Observations
42. Je suis toujours aussi profondément préoccupé de constater l’absence
persistante de progrès réalisés sur le plan du rétablissement de l’ordre
constitutionnel en Guinée-Bissau et la détérioration des conditions de sécurité
depuis l’attaque menée le 21 octobre contre une base militaire, à Bissau. Le pays
reste paralysé, avec les conséquences épouvantables que cela entraîne pour la
population, et la situation économique se dégrade elle aussi.
43. Je déplore la persistance des divergences, tant au niveau national
qu’international, sur les moyens d’avancer vers un règlement de la crise politique.
Cela posé, je demande instamment aux parties prenantes, en particulier aux autorités
de fait, aux dirigeants chassés du pouvoir, aux partis politiques et à la société civile,
d’intensifier leurs efforts afin de trouver un accord sur un plan de marche vers le
rétablissement intégral de l’ordre constitutionnel.
44. J’ai pris note des préparatifs techniques faits par les autorités de fait en vue de
la tenue d’élections présidentielles et législatives et de l’appel qu’elles ont lancé à la
communauté internationale pour que celle-ci appuie cette action. Certaines des
mesures techniques et financières sont indispensables à la crédibilité des élections,
mais celles-ci ne peuvent bien se dérouler que dans un climat politique et social et
dans des conditions de sécurité qui soient propices au calme, et à condition que
toutes les parties concernées se soient engagées à en accepter les résultats. Le climat
politique actuel, dans lequel les acteurs de la scène nationale sont en profond
désaccord sur la façon de gérer la transition et sur la direction dans laquelle faire
avancer le pays, n’est pas favorable. Je demande donc aux dirigeants politiques et
militaires et à ceux de la société civile de mettre de côté leurs objectifs partisans et
de nouer d’urgence un dialogue de bonne foi rassemblant tous les acteurs, y compris
ceux qui sont en exil, dans l’intérêt du peuple bissau-guinéen. Il faut que ce
dialogue aboutisse à un projet de plan de marche ouvert à tous et comportant des
jalons bien définis et un calendrier pour l’organisation d’élections crédibles
marquant la fin de la transition.
S/2012/887
45. Il faudrait que les partenaires internationaux de la Guinée-Bissau, dont l’Union
africaine, la CEDEAO, la CPLP, l’Union européenne et l’ONU, redoublent d’efforts
dans l’action menée pour appliquer la résolution 2048 (2012) du Conseil de sécurité.
Aussi ai-je prié le Département des affaires politiques et le BANUGBIS
d’intensifier leurs relations avec l’Union africaine et d’insister pour que des
représentants des autorités de fait et du gouvernement déchu se rencontrent à AddisAbeba
pour
se mettre d’accord
sur les prochaines
mesures
à prendre
pour rétablir
l’ordre
constitutionnel,
comme
le veut la
résolution
2048
(2012),
grâce
au dialogue
national.
D’autre
part,
le Département
des
affaires
politiques
s’emploiera à faire
établir
sans délai,
notamment
grâce à l’action
de la mission
conjointe
proposée,
un
plan
de marche de l’Union
africaine,
de
l’ONU, de
l’Union européenne,
de la
CEDEAO
et
de la
CPLP,
et
il le
fera,
en
étroite
consultation
avec
les
parties
concernées
du
pays,
aux
fins
du rétablissement
de
l’ordre
constitutionnel
en
GuinéeBissau,
conformément
à
la
même résolution.
À cette
fin,
j’en appelle
à
tous
les
acteurs
pour qu’ils
s’emploient résolument
à synchroniser
l’action menée pour
atteindre
cet
objectif,
au
bénéfice
de la
paix
et
de la
stabilité
de
la
Guinée-Bissau.
46. L’attaque à main armée du 21 octobre et ses suites ont illustré la fragilité de la
situation politique et des conditions de sécurité dans le pays, ainsi que le poids de
l’armée dans la conduite des affaires publiques. L’impression d’insécurité en a été
exacerbée et cela a renforcé l’idée que l’État était incapable de protéger la
population, surtout pour ce qui est de certains groupes ethniques. L’impression que
des violences et des phénomènes de domination sont fondés sur des facteurs
ethniques pourrait compromettre encore davantage la cohésion sociale de la
population, qui a pourtant derrière elle un long passé de coexistence pacifique entre
groupes ethniques d’une grande diversité.
47. Je suis particulièrement préoccupé par des cas dont il a été fait état de graves
violations des droits de l’homme et d’actes d’intimidation, commis par les
militaires, y compris des actes d’intimidation dirigés contre le personnel national et
international des Nations Unies et des fouilles de véhicule injustifiées effectuées par
les forces de sécurité nationales. Je suis aussi inquiet de savoir qu’il y a des citoyens
qui, craignant d’être injustement pris pour cible par l’armée, se cachent ou ont fui le
pays.
48. Je condamne vigoureusement tous les actes d’enlèvement, de détention
illégale, de violence, d’intimidation et de violation du droit à la liberté de parole et
du droit de réunion que commettent les forces de défense bissau-guinéennes. Il
incombe aux autorités de fait de protéger l’intégrité physique de tous les citoyens du
pays, ainsi que d’assurer la sûreté et la sécurité des étrangers, y compris les
membres de la communauté internationale, conformément aux dispositions
applicables du droit international. Il leur incombe aussi au premier chef d’assurer la
sûreté et la sécurité du personnel des Nations Unies et le respect des privilèges et
immunités que confèrent à l’ONU, à son personnel et à son matériel, les accords
pertinents, y compris l’accord sur le statut du BANUGBIS, signé le 22 novembre
2010. Je leur demande instamment de s’acquitter de ces responsabilités.
49. Je trouve très inquiétante l’influence que les forces armées continuent
d’exercer sur la conduite des affaires politiques du pays. J’exhorte les chefs des
forces armées bissau-guinéennes à accepter, et à faire en sorte que tout le personnel
militaire accepte, que les secteurs de la défense et de la sécurité soient contrôlés par
12-6036612
S/2012/887
1312-60366
des civils. Je leur demande aussi de respecter l’état de droit et de s’interdire tout
acte qui priverait les Bissau-guinéens de leurs droits fondamentaux.
50. Certains faits sont le signe d’une forte intensification du trafic de drogues et
des activités de criminalité organisée depuis le coup d’État du 12 avril. Je
renouvelle l’appel que j’ai adressé au Conseil de sécurité, dans mon rapport de
septembre 2008 (S/2008/628), pour qu’il envisage de créer un groupe d’experts
chargé d’enquêter sur l’identité et les activités de ceux qui participent au trafic de
drogues et aux activités de criminalité organisée et qu’il mette éventuellement en
place des sanctions répressives et ciblées visant à aider à freiner le développement
du trafic de drogues.
51. Il est urgent que les autorités de fait lancent des investigations sur l’attaque du
21 octobre et les activités menées à sa suite, afin que tous ceux qui se sont rendus
coupables d’activités illégale soient traduits en justice. Comme je l’ai indiqué dans
mes rapports précédents, il ne peut y avoir de règlement durable du problème de
l’instabilité de la Guinée-Bissau sans que soient prises des mesures concrètes visant
à lutter contre l’impunité et à faire en sorte que soient traduits en justice les
responsables d’assassinats politiques, y compris ceux commis en 2009, et d’autres
crimes graves, par exemple de trafic de drogues ou d’atteintes à l’ordre
constitutionnel.
52. Je suis encouragé par le fait que l’Assemblée nationale s’est réunie en session
ordinaire à partir du 15 novembre et que ses membres ont approuvé la prorogation
de son mandat jusqu’à la prestation de serment de leurs successeurs fraîchement
élus. Je prie instamment les membres du Parlement de la Guinée-Bissau de
collaborer à ce que cette institution puisse fonctionner comme le prévoit la
constitution et de remplir le rôle qui est le leur de faciliter l’achèvement rapide de la
transition.
53. Je salue le travail accompli par le personnel du BANUGBIS sous la direction
de mon Représentant spécial, Joseph Mutaboba, ainsi que toute l’équipe de pays des
Nations Unies et les autres membres de la communauté internationale et les
organisations non gouvernementales bissau-guinéennes et étrangères qui continuent
de concourir à l’action menée pour consolider la paix en Guinée-Bissau. Je tiens à
rendre un hommage particulier à M. Mutaboba pour le dévouement avec lequel il
s’acquitte depuis trois ans de ses fonctions de Représentant spécial pour la GuinéeBissau,
souvent dans des conditions
difficiles
sur
le plan politique et
sur celui
de la
sécurité.
Je
lui suis particulièrement
reconnaissant
de
se donner sans
compter pour
que
l’attention
de la communauté
internationale,
surtout
celle
du Conseil de sécurité
et de la Commission de consolidation de la paix, reste fixée sur les grosses
difficultés que la Guinée-Bissau doit surmonter dans le domaine politique et dans
ceux de la lutte contre le trafic de drogues, du développement et de la réforme du
secteur de la sécurité, et je le remercie du mal qu’il se donne.
Assinar:
Postar comentários (Atom)
Nenhum comentário:
Postar um comentário