23.2.13
A guerra no Kordofão do Sul (Sudão)
Il y a des guerres délaissées, celles dont on ne se souvient que par intermittence, à la faveur d'une flambée de violence plus spectaculaire que des morts au quotidien comptés en quelques unités. Et il y a d'autres conflits dont on ne parle pas ou peu, tout simplement parce que l'on ne peut y aller. Ce qui se passe au Kordofan du Sud depuis juin 2011 relève de cette catégorie. "Une guerre étouffée", écrit la photojournaliste Camille Lepage, qui a pu se rendre dans les monts Nouba. Une guerre qui oppose l'armée soudanaise, et ses milices affidées, au mouvement rebelle de l'Armée de libération des peuples du Soudan du Nord (ALPSN). Une "guerre étouffée" qui a déjà jeté sur les routes des dizaines de milliers de civils.
Le Kordofan du Sud est un des Etats du Soudan fédéral, frontalier du Soudan du Sud. Les populations y vivent une tragédie à huis clos du fait de l'interdiction d'accès décrétée par les autorités de Khartoum et des difficultés dressées par une rébellion élevée dans le culte de la clandestinité. Organisations non gouvernementales, agences des Nations unies et médias sont tenus éloignés de ce théâtre dramatique.
La guerre s'est rallumée en juin 2011 dans les monts Nouba après des élections locales contestées par une partie des habitants du Kordofan. Voilà pour le prétexte. Le contexte, à l'époque, est celui de l'accession à l'indépendance du Soudan du Sud à l'issue de plusieurs décennies de guerres contre le Nord durant lesquelles les populations des monts Nouba se battirent aux côtés des sudistes. Aujourd'hui, le conflit au Kordofan du Sud ressemble à une guerre par procuration entre les deux Soudans, qui nourrissent encore de lourds contentieux consécutifs à l'indépendance du Soudan du Sud en juillet 2011. Définition des frontières, partage des revenus pétroliers, intégration des populations sudistes au Nord sont autant de sujets explosifs qui menèrent Khartoum et Juba au bord de la confrontation directe en 2012. Sans doute les deux pays n'ont-ils plus les moyens financiers de se lancer dans une guerre frontale. Sans doute, en conséquence, les populations du Kordofan du Sud font-elles les frais d'une guerre intersoudanaise menée à travers un Etat-clé pour Khartoum et Juba.
LE MONDE
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