19.9.15

O julgamento de Hissène Habré

Prévu pour durer plusieurs mois à Dakar, le procès de Hissène Habré devant les Chambres africaines extraordinaires est entré dans le vif du sujet le 7 septembre. Témoins-clés attendus, principaux crimes reprochés à l'ancien dictateur tchadien pendant son règne de huit années... Jeune Afrique fait le point. C’est un procès fleuve, qualifié d’historique pour l’Afrique. Vingt-cinq ans après la chute de Hissène Habré, pas moins d’une centaine de victimes, de témoins et d’experts se succéderont à la barre de la Cour d’assises africaine extraordinaire, qui a repris ses audiences à Dakar le 7 septembre, pour dresser la sanglante chronique de son règne de huit années. Détention arbitraire, torture, crimes contre l’humanité, crimes de guerre… Jeune Afrique revient sur les principales accusations qui seront discutées lors du procès. La DDS Derrière ce sigle de trois lettres se cache le principal outil de répression du régime Habré. Créée par décret en janvier 1983, la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS) était placée directement sous la tutelle de l’ex-président. Chaque jour, son directeur rendait compte à Habré des activités de ce service impliqué dans toutes les sales besognes, de la torture des prisonniers politiques à la répression des populations civiles. Au début des années 1990, la Commission nationale d’enquête tchadienne sur les crimes du régime Habré a mis la main sur un stock d’archives de la DDS. Aujourd’hui versées à la procédure, celles-ci représentent un filon documentaire précieux sur la politique de répression et l’état de connaissance que l’ex-chef de l’État avait des exactions commises par ce service redouté. Témoins importants Bandjim Bandoum : a intégré la DDS en 1983, avant d’y exercer des fonctions à responsabilité. Durant l’instruction, il a détaillé aux magistrats l’organisation interne de ce service et son rôle lors des campagnes de répression contre les populations du Sud (1984-1985), les Hadjeraïs (1987) et les Zaghawas (1989). Olivier Bercault : professeur de droits de l’homme à l’université de San Francisco, il est le co-auteur de l’imposant rapport de Human Rights Watch, La Plaine des morts (2013), pour lequel ont été exploitées les archives de la DDS. Arrestations massives et conditions de détention Sous Hissène Habré, les prisonniers politiques étaient emprisonnés sans jugement, le plus souvent à l’insu de leur famille. Dans un contexte troublé, où diverses factions armées rivalisaient, le moindre soupçon de collusion avec un mouvement hostile au chef de l’Etat pouvait conduire dans l’une des prisons mouroirs où l’absence d’alimentation et de soins médicaux, la promiscuité et la chaleur entraînaient la mort d’une large proportion de prisonniers. Clément Abaïfouta : le président de l’Association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré a été emprisonné sans motif pendant quatre ans, à la veille de quitter le Tchad pour poursuivre ses études à l’étranger. Son crime : être le neveu de Facho Balam, fondateur d’un parti d’opposition. Pendant sa détention, il était chargé de creuser des fosses communes pour y enterrer les corps des victimes de la DDS. Marabin Toudjibedje : affecté en 1984 comme garde dans un lieu de détention de la DDS, puis régisseur adjoint de la prison « des Locaux », il sera arrêté en 1985 pour avoir donné à manger aux détenus. Il témoigne des conditions de détention et du nombre élevé de décès en prison. Hadje Bassou Zenaba Ngolo : veuve du journaliste Saleh Ngaba, qui collaborait à RFI et Associated Press, elle détaillera les conditions de détention de son défunt mari.

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