22.8.15

Bissau: Tudo em aberto

Au lendemain de la nomination de Baciro Dja au poste de Premier ministre par le président Vaz, la tension règne toujours à Bissau. Investi dans la foulée, le nouveau chef du gouvernement et le président ont immédiatement été désavoués par leur propre formation politique, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC). Le PAIGC pour l’exclusion de Baciro Dja Le puissant parti, majoritaire à l’Assemblée nationale et dirigé par l’ancien Premier ministre Domingos Simões Pereira (DSP) conteste en effet cette nomination. João Bernardo Vieira, porte-parole du parti, assure d’ailleurs que Baciro Dja « sera exclu du parti dans les jours à venir ». « Le PAIGC s’oppose à la décision du président. Lui seul aura la responsabilité de ce qui arrivera. Il a jeté la Constitution par terre, au risque que personne ne la respecte désormais », s’emporte João Bernardo Vieira. Car depuis hier, le parti fait valoir l’inconstitutionnalité d’une telle décision. « La Constitution indique qu’il revient au parti vainqueur des législatives de proposer un chef de gouvernement au président », assure le porte-parole de l’ex-parti unique. Contestation judiciaire du PAIGC Or, depuis le limogeage de DSP, sous fonds de mésentente avec le président, le parti n’a cessé de demander la reconduction de l’ancien Premier ministre. Conséquence, le porte-parole du PAIGC annonce « une action en justice » pour faire annuler le décret présidentiel. Reste que d’autres gouvernements d’initiative présidentielle ont déjà existé dans le passé. « La Constitution bissau-guinéenne est d’un usage souple », souligne Vincent Foucher, analyste à l’International Crisis Group. « Nino Viera [ancien président de la République assassiné en mars 2009] avait procédé à ce type de nomination », rappelle ce spécialiste de la Guinée-Bissau. Inquiétude de la Cédéao Pour l’heure, le calme prévaut dans la capitale, malgré une présence policière renforcée. Les militaires, à l’initiative du dernier coup d’État de 2012 et de l’instabilité passée, restent d’ailleurs dans leurs casernes. En dépit du calme apparent, la situation du pays, abonné aux violences politiques, inquiète au-delà de ses frontières. Preuve en est, une délégation de la Commission économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), emmenée par l’ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, a été constituée. Mais avant de pouvoir évoquer une sortie de crise et se rendre à Bissau, la mission a été interrompue par la nomination de Baciro Dja. Ce que n’ont pas apprécié certains chefs d’États membres de la Cedeao, à commencer par Muhammadu Buhari . « Il est regrettable qu’alors que les consultations se poursuivaient, le président Vaz ait pris les devants pour accroître les pressions en nommant un nouveau Premier ministre », a déclaré le président nigérian dans un tweet. Reste désormais à attendre la décision de la justice. Le tribunal jugera-t-il la nomination de Baciro Dja inconstitutionnelle ? Si la justice n’y trouve rien à redire, le nouveau chef du gouvernement devra former un nouveau gouvernement. Mais là encore, un autre défi se posera à lui : obtenir d’ici 60 jours la confiance du Parlement, dominé par le PAIGC (57 députés 102). Saura-t-il tourner les parlementaires contre leur chef de file DSP ou mener des alliances avec les autres partis politiques ? Rien n’est moins sûr. Car même au sein des autres formations politiques, sa nomination passe mal. Claire Rainfroy Jeune Afrique

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