23.2.16

O explosivo dossier sírio

Alger, qui n’est pas favorable à la chute du régime de Bachar Al Assad, ne voit pas d’un mauvais œil l’intervention militaire de Moscou contre l’opposition armée syrienne. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, est attendu lundi prochain à Alger. Cette visite est présentée comme un «déplacement ordinaire dans un cadre bilatéral et de consultations politiques régulières» prévu depuis des semaines. Néanmoins, elle prend une ampleur dès lors qu’elle intervient dans un contexte international chargé de tensions et de désaccords entre les puissances sur les conflits régionaux. L’explosif dossier syrien et le chaos libyen sont en premier ligne du front diplomatique et militaire de Moscou. La voix de la Russie à l’international depuis onze ans, M. Lavrov, qui fait face au bloc occidental sur la crise syrienne, compte «re-mobiliser» les alliés traditionnels de la Russie dans la région. Alger, qui n’est pas favorable à la chute du régime de Bachar Al Assad, ne voit pas d’un mauvais œil l’intervention militaire de Moscou contre l’opposition armée syrienne. Une intervention qui a permis un «rééquilibrage» des forces agissantes sur le théâtre syrien. Jouant sur les contradictions et les incohérences des Occidentaux, notamment entre Paris et Washington, Poutine a réussi sa manœuvre, en se replaçant au centre du conflit et s’emploie à dicter les conditions d’un cessez-le-feu. Il a pu se rendre «indispensable» dans l’inextricable crise syrienne. Dans sa double bataille militaire et diplomatique, la Russie ne néglige aucun pays pouvant aider à renforcer sa position dans la géopolitique régionale. Les Russes savent parfaitement tout l’intérêt politique et symbolique à avoir le soutien des pays de la région, l’Egypte et l’Algérie essentiellement, pour mieux les opposer aux monarchies golfiotes qui, historiquement, se sont rangées du côté de l’Ouest. «L’œil de Moscou contre l’oreille de Washington.» Une remise au goût du jour des vieux réflexes de la guerre froide. Lavrov entend, à l’occasion de sa visite, voir se renouveler «la solidarité algérienne» sur ce dossier dans lequel le peuple syrien est pris en tenaille entre le despotisme de Bachar Al Assad et les groupes djihadistes. Alliées traditionnelles et partenaires stratégiques, l’Algérie et la Russie sont sur une même ligne. Même si sur bien des questions et du point de vue des intérêts stratégiques de l’Algérie, le régime de Poutine n’est pas un appui permanent et certain, comme en témoigne le dossier énergétique. Ou bien le Sahara occidental, où la voix de la Russie est totalement inaudible. Autre dossier non moins explosif sur lequel la Russie veut bien garder un œil, celui de la Libye. Plongé dans le chaos depuis la chute du dictateur El Gueddafi, le pays est au bord du morcellement, l’apparition des groupes terroristes inféodés à la nébuleuse Etat islamique complexifie la donne. Au jeu trouble des monarchies du Golfe, l’Arabie Saoudite en tête, s’ajoute l’absence d’une vision sérieuse des puissances occidentales qui, pourtant, ont joué un rôle déterminant dans la chute du régime d’El Gueddafi. La situation libyenne, qui va en s’aggravant, menace directement le voisinage immédiat. Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, qui s’est fortement impliqué dans la recherche d’une solution politique au bourbier libyen, ne trouve pas de soutien franc et clair des partenaires régionaux et internationaux. Les divergences d’approches sont évidentes. Opposée à une solution exclusivement militaire, l’Algérie pourra bien sensibiliser la Russie pour qu’elle puisse aller également dans cette direction. Alger comme Moscou ont en commun la doctrine «non interventionniste». Cependant, Moscou qui n’entend pas perdre sur ce dossier fait presque dans le «marquage» aux Américains. Ces derniers qui, faut-il le rappeler, ont mené des attaques contre les positions des groupes djihadistes cette semaine ont «pris de court» les principaux acteurs internationaux. Vladimir Poutine qui, depuis sa reprise en main du palais du Kremlin, s’emploie à redorer le blason de l’empire soviétique ne se laisse pas doubler par ses rivaux, essentiellement sur le théâtre des conflits. El Watan

Nenhum comentário: