14.6.11

Costa do Marfim já pensa nas presidenciais de 2015

Le président de l’Assemblée nationale ivoirienne fait sans Gbagbo et souhaite tourner une page qu’il regrette amèrement. En prenant les rênes du parti de l’ex-président, il n’a qu’un seul but : remettre l’appareil en ordre de marche et préparer la présidentielle de 2015.

Mis sur la touche par Laurent Gbagbo pour, entre autres, avoir dénoncé les excès des durs du régime, écarté lors de la campagne pour la présidentielle, exilé au Ghana durant la crise postélectorale, Mamadou Koulibaly signe son grand retour sur la scène politique. Interlocuteur du nouveau pouvoir, le président de l’Assemblée nationale veut sauver un Front populaire ivoirien (FPI, ancien parti au pouvoir) assommé par la double défaite électorale et militaire.

«L’objectif est de proposer un nouveau projet de société pour gagner la présidentielle de 2015», explique-t-il.

En attendant, il dresse un bilan sévère de la décennie écoulée. Fidèle à ses principes, intransigeant sur la morale et les règles de droit, il se pose en défenseur de la souveraineté de la Côte d’Ivoire. Avec, en filigrane, une phrase qu’il ne prononce jamais mais que l’on entrevoit à chacune de ses réponses : « Si Gbagbo m’avait écouté… »

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Jeune Afrique : On vous a peu entendu pendant la crise postélectorale. Pourquoi ?

Mamadou Koulibaly : Je n’avais pas le choix. Ma présence n’était pas désirée ; l’Assemblée nationale ne fonctionnait plus. Mais aujourd’hui, j’ai la lourde responsabilité d’assurer la présidence par intérim du FPI. Cela m’oblige à rassurer les militants, à aider à la libération des cadres du parti qui ont été arrêtés et à faciliter le retour des exilés.

Êtes-vous en contact avec les cadres du parti en exil ?

Oui, notamment avec Kadet Bertin, qui est au Ghana. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il est l’un des premiers à avoir reconnu notre défaite et il souhaite qu’on tourne rapidement la page. J’ai aussi rendu visite à ceux qui sont en résidence surveillée à l’hôtel de La Pergola à Abidjan : Alcide Djédjé, Dano Djédjé, Philippe-Henri Dacoury-Tabley… Ils reconnaissent Alassane Ouattara comme chef de l’État et me demandent de plaider leur cause auprès de lui. Ils promettent de ne pas perturber son travail. Certains se mettent même à sa disposition.

Avez-vous des nouvelles du couple Gbagbo ?

Non. On ne m’a pas permis de les rencontrer. J’en ai parlé avec Charles Konan Banny, qui préside la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation. Il prévoit d’aller les voir prochainement et m’a promis de tout faire pour que je puisse leur rendre visite.

À quand remonte votre dernier contact ?

J’ai rencontré Laurent Gbagbo quelques jours après le retour de Pascal Affi Nguessan d’Addis-Abeba [rencontre avec le panel des cinq chefs d’État, le 11 mars, NDLR]. Je lui avais conseillé d’accepter le verdict de l’Union africaine.

Laurent Gbagbo a-t-il, selon vous, perdu l’élection présidentielle ?

Il a fini par reconnaître sa défaite. D’ailleurs, le 11 avril, il a demandé à Désiré Tagro [alors secrétaire général de la présidence, NDLR] de sortir avec un mouchoir blanc.

N’était-ce pas plutôt la reconnaissance d’une défaite militaire ?

C’est la continuation du résultat électoral. Nous avons dénoncé la fraude, dans le nord du pays. Nous sommes les premiers responsables, car le FPI n’avait pas de représentants dans de nombreux bureaux de vote. Nous avons réalisé une très mauvaise campagne électorale, mal organisée. Il n’y avait pas de stratégie, pas de discours cohérent, et trop de personnes étaient en première ligne, avec des moyens colossaux mais mal utilisés. Certains cadres n’ont pas travaillé ; ils ont détourné de l’argent pour acheter notamment des véhicules.

Le pouvoir leur est-il monté à la tête ?

Le problème, c’est l’usure du pouvoir. Lorsque nous étions dans l’opposition, on faisait mieux avec moins de moyens. On rêvait d’une nouvelle Côte d’Ivoire et on déplaçait des montagnes. Dix ans plus tard, nous étions pleins de fric. On disait qu’on voulait ouvrir le marché ivoirien au monde entier mais, dans les faits, on a fait des deals avec les plus grosses entreprises françaises. Alassane Ouattara a proposé une vision plus cohérente.

Sur quelles bases faut-il reconstruire le FPI ?

La priorité, c’est de refaire du FPI un grand parti d’opposition. Cela veut dire qu’il faut dresser un bilan en profondeur, prendre des dispositions institutionnelles, remobiliser les militants et donner des signaux forts aux Ivoiriens, en modifiant complètement notre discours et nos méthodes. Il faut revenir aussi à plus d’humilité et reprendre le travail à la base. Ensuite, on pourra peut-être penser à organiser un grand congrès du parti.

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