27.3.11

O homem que sonha vir a ser rei da Líbia

Petit-fils du roi Idriss Ier, renversé par le colonel Kadhafi en 1968, le prince héritier Mohammed al-Sanusi vit à Londres depuis 1988.

«Quand j'ai vu le drapeau de la monarchie brandi par les insurgés de Libye, je me suis senti immensément heureux et fier.» Ce drapeau rouge, noir et vert frappé de l'étoile et du croissant, c'est le sien. Mohammed al-Sanusi est l'héritier du trône libyen. Petit-fils du roi Idriss Ier, renversé par le colonel Kadhafi en 1968, il vit en exil à Londres depuis 1988. Il veut toutefois garder la tête froide: «Ces drapeaux sont d'abord les emblèmes de la liberté. Les gens avaient caché ces drapeaux pendant quarante ans; ils les ressortent pour montrer qu'ils veulent renouer avec leur histoire.» Et avec le roi? «Les Libyens choisiront, répond-il prudemment. Ce que je crois, c'est que la Libye est promise à un brillant avenir, avec ou sans la monarchie.»

Mais les nouvelles sont mauvaises, et on n'en est pas là: «Aujourd'hui j'ai un seul message à faire passer. Il faut envoyer de l'aide humanitaire, instituer immédiatement une zone d'exclusion aérienne et bombarder les forces spéciales de Kadhafi, qui terrorisent la population.» Les camps des forces de sécurité, épine dorsale du régime, «doivent être frappés», insiste-t-il avec l'obstination du désespoir. Il se dit prêt à aller en Chine convaincre Pékin et ne comprend pas la «lenteur de la communauté internationale» à l'exception du président français, qui a reconnu le Conseil national de Benghazi comme seul représentant de la Libye: «Jamais nous n'oublierons ce que le président Sarkozy a fait.»

On sent chez Mohammed al-Sanusi la volonté d'une posture royale, d'apparaître comme une référence au-dessus des factions. Il se dit simplement «en contact» avec le Conseil de Benghazi. Il souhaite limiter ses commentaires, s'exprimant seulement «quand le besoin en devient criant», comme le dit sa biographie officielle, préparée par une agence de communication. C'est dans les bureaux de cette dernière, au cœur du très chic quartier de Mayfair, où Ferrari et Aston-Martin peuplent les parcmètres, que le prince reçoit. Pas question de l'interviewer chez lui, où il affirme vivre modestement dans un appartement loué, avec sa mère, ses frères et ses sœurs. Le prince n'est pas marié: «J'y penserai quand tous les Libyens pourront avoir une famille et une vie normale», assure-t-il. Costume bleu marine, voix douce, l'air juvénile malgré ses 50 ans, Mohammed al-Sanusi affiche une politesse dénuée d'affectation. Il n'a pas toujours vécu dans la relative aisance qui semble être la sienne.


Un pistolet sur la tempe

Au moment du coup d'État de 1969, le roi Idriss était en voyage à l'étranger. Son neveu, Reda, père de Mohammed, dut signer la fin de la royauté «un pistolet sur la tempe», raconte-t-il. La famille vécut en résidence surveillée jusqu'en 1984, date à laquelle Kadhafi fit brûler leur maison. Après quatre ans de déménagements, les Sanusi furent autorisés à s'exiler. Pendant sa période libyenne, le jeune prince ne put continuer ses études et dut travailler comme fonctionnaire au ministère de l'Agriculture.

C'est aussi en 1984 que Kadhafi ordonna la destruction du tombeau du fondateur de l'ordre Sanusi à Jaghboub. «Son corps a été déterré. Nous ne l'avons jamais retrouvé.». La Sanusiyya, confrérie religieuse et guerrière fondée à la fin du XIXe siècle, combattit les Italiens et les Français dans plusieurs pays dont le Tchad, avant de prendre le pouvoir en Libye en 1951. Aujourd'hui encore, de nombreux Libyens adhèrent à sa doctrine, fondée sur le respect des textes et sur une éthique du travail. «La Sanusiyya est toujours là, mais elle représente surtout un idéal religieux», affirme le prince.

Il est en relation régulière avec ses partisans, ajoute-t-il. Et il ne veut pas croire à la défaite. «Kadhafi ne tiendra pas le pays. Les Libyens entreront en résistance. Nous avons l'habitude.» L'épopée de la Sanusiyya combattante s'invite fugitivement dans le bureau de Mayfair. Le prince en est certain: un jour, le Conseil national s'installera à Tripoli, où il formera un gouvernement provisoire, qui organisera des élections. Dans quel cadre politique? Mohammed al-Sanusi ne veut pas s'avancer. Il se contente de remettre au visiteur un lot d'exemplaires de la Constitution de 1951, qui prévoit une monarchie constitutionnelle. Le Figaro

Nenhum comentário: