Le fils Nguema n'a pas que son attitude de play boy à se faire reprocher : il a aussi été mouillé dans des histoires de trafics d'armes. Rien de très surprenant à ça : la drogue et les armes, une constante le long de cette enquête, comme on a pu le voir à plusieurs reprises. "Selon l'enquête du sénat US, Teodoro à transféré 110 millions de dollars en fonds suspects aux États-Unis de 2004 à 2008 en provenance d'un vendeur d'armes en Angola, aujourd'hui dans une prison française (c'est bien de Pierre Falcone dont on parle, NDLR !), était capable de payer 9,6 millions de dollars pour une maison en Arizona en 2000 et de maintenir en même temps ses comptes à jour la banque américaine. Certaines opérations de transferts atteignaient 60 millions de dollars entre 1999 et 2007". Depuis l'enquête, "Teodorin" s'est acheté en plus une maison de 30 millions (sur 16 acres) à Malibu, en Californie, et s'est aussi offert un jet Gulfstream à 38,5 millions de dollars. Un avion de plus ! Qui s'ajoute à ceux dont il disposait déjà... acheté avec les revenus de la drogue... et des armes ! Pour un "ministre des arbres abattus", avouez que c'est un plus !
Or l'achat de cet avion nous ramène à nouveau à notre épisode XVIII : car pour arriver à dissimuler l'acheteur, à savoir lui-même, "Teodorin" va établir un montage financier assez sophistiqué dans lequel on va retrouver tous ceux que l'on venait de citer. Des dictateurs, certes, mais des dictateurs aidés. "Pour cela", nous raconte un journal de languet espagnole, "le 23 février 2006, Ebony Shine International, une société fictive enregistrée aux Iles Vierges Britanniques, déposée au nom d'Obiang Nguema fait une offre d'achat à Blue Sapphire Service, une autre société ayant les mêmes caractéristiques enregistrées sur les îles elles-mêmes, pour l'avion qu'elle vend, un Gulfstream V.Au cours des négociations, selon les recherches, l'avion était toujours physiquement situé à Singapour, mais il avait gardé son enregistrement en Oklahoma. La loi américaine exige en effet qu'un aéronef immatriculé aux États-Unis ait un propriétaire qui est également enregistré aux États-Unis, alors Blue Sapphire a embauché Wells Fargo Bank en tant que propriétaire enregistré de l'aéronef"... raconte le savoureux GuinGuin Bali sous la plume de Txema Santana. Or c'est exactement le même circuit qu'ont utilisé les narcos-trafiquants colombiens pour blanchir leur argent auprès de la banque mexicaine Casa de Cambio Puebla rachetée par Wells Fargo, justement, après l'énorme scandale créé par la divulgation des comptes alimentés par la drogue dans cette banque ! Pour davantage encore noyer le poisson, il sera décidé de faire trois versements : "L'offre faite par le fils du président de la Guinée Equatoriale a été de 38,5 millions de dollars. Qui seront payés en trois versements. L'un de 4,7 millions, un autre de 10,3 millions et, enfin, le dernier de 23,5 millions. Le premier a été exécuté au moment de l'offre, le second au moment de l'inspection de l'aéronef et le troisième lors de la réception".
L'argent transitera entre les banques de Londres et des USA : "le 27 Février 2006, e-mail du représentant d'Obiang Nguema, confirmait qu'ils avait reçu un dépôt initial de 3,9 millions de dollars sur un compte UBS à Londres. La prochaine étape consistait à transférer l'agent du vendeur, représenté par McAfee & Taft (un cabinet d'avocats d'affaires US !), d'un compte d'Oklahoma aux États-Unis. Hélas, les versements suivants se feront attendre, et McAfee & Taft étaient sur le point d'abandonner la vente quand est intervenue une société américaine pour faire avancer le dossier : IATS. Après son intervention tout va se réguler, et rapidement : qui est intervenu auprès de la société pour ce faire ? D'autres versements jusqu'à 15 millions de dollars rassureront au final le vendeur." Une fois l'achat fait, il fallait encore prendre possession de l'avion. Pour ce faire, il lui fallait une autorisation de vol. L'avion a décollé de Singapour pour Bâle, en Suisse. Le dossier a finalement été déposé dans les îles Caïmans pour échapper aux lois des États-Unis. Cependant, malgré ces lois strictes sur l'achat et la vente l'avion d'Obiang Nguema était entré et sorti aux États-Unis 35 fois en deux ans seulement" note avec malice le journal, qui venait de comprendre le sac de nœud des immatriculations US qui avait permis ces tours de passe-passe de registres !
Bref, on retrouve lors des opérations de vente les mêmes banques surtout que celles impliquées dans les achats d'appareils ayant servi à transférer la drogue colombienne sur la côte Ouest de l'Afrique. On a bien affaire au même réseau ! On retrouvera la trace de l'engin volant proprement dit en épluchant un volumineux dossier d'une enquête du Congrès sur le fils maudit : c'était bien le N-669, comme avion, devenu le VP-CES, ici en atelier de peinture (pour y apposer un Hibiscus sur la queue, la fleur du pays) et vu ici au Princess Juliana International Airport, à Philipsburg, à Saint Martin. A noter que le préfixe VP en fait un avion enregistré dans un "Territoire britannique de l'océan Indien", et non un avion de Guinée Equatoriale. Le gag ultime étant qu'au final ce n'est autre que l'archipel des Chagos, où est installée l'énorme base US de Diego Garcia... Et effectivement, dans le même rapport on peut lire qu'en 2002 et 2005, l'avion avait bien été enregistré sous l'intitulé de la Wells Fargo, sous l'appellation N144K puis N1UB, en 2005 ! En cherchant encore un peu, on retrouvait celui qu avait aménagé l'intérieur du Gulfstream "Blue Sapphire". C'était Aviation Concepts de Dallas, au Texas, avec de belles horreurs à la clé ! Le "Gulfstream Main Lounge" valant son pesant de mauvais goût... la firme ayant également réalisé l'intérieur du B-737 nigérian... le goût, ce n'est vraiment pas ce qui caractérise la dictature !
(Parte de um artigo da agoravox.fr que me foi enviado pela Mestra em Estudos Africanos Ana Lúcia Sá)
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