22.4.13

A Itália perante o impasse político

Nulle intention ici de sous-estimer en politique les mérites de l'expérience et de la maturité – bref, de l'âge. Surtout en ces temps où la maladie du "jeunisme" se porte si bien. Mais, tout de même, la réélection, samedi 20 avril, de Giorgio Napolitano à la présidence de l'Italie n'est pas un signe de bonne santé de la démocratie transalpine. M. Napolitano aura 88 ans au moins de juin. Son mandat est de sept ans, ce qui l'amènera à quitter le palais du Quirinal à l'âge de 94 ans. Est-ce bien raisonnable ? Durant son premier mandat, M. Napolitano a eu souvent l'occasion de montrer qu'il était un homme d'Etat, responsable et clairvoyant. On lui doit, notamment, d'avoir été l'un de ceux qui ont chassé de la tête du gouvernement un Silvio Berlusconi qui n'aurait jamais dû y accéder. Il est respecté à droite et à gauche. Mais le succès de Georgio Napolitano, samedi, doit moins à ses qualités qu'à une déroute du système politique. Moins que jamais, il n'a semblé capable ces derniers mois de donner à l'Italie un gouvernement à la mesure des problèmes qu'elle affronte. En février, les électeurs ont envoyé une majorité de gauche (Parti démocrate) à la Chambre des députés, mais pas au Sénat. Cela a empêché la formation d'un gouvernement. Désigné par un collège de grands électeurs, le chef de l'Etat, s'il ne gouverne pas, exerce une influence importante dans le système. Mais cinq tours de scrutin en une semaine n'ont pas permis aux partis de s'accorder sur un autre nom que celui de M. Napolitano – faute de mieux. Le système est doublement grippé : institutions inadéquates, notamment un bicamérisme paralysant ; classe politique incapable de sortir de petits jeux de pouvoir indignes. Ce ne serait pas trop grave s'il ne s'agissait pas de la troisième économie de la zone euro, d'un pays-clé pour l'avenir de l'Europe, d'une des locomotives du bien-être sur le Vieux Continent. L'Italie est au coeur du redressement de l'union monétaire européenne. Or l'Italie est fragile. Si ses finances publiques et sa balance commerciale sont plutôt en meilleur état que celles de la France, sa dette publique approche un taux insupportable : 120 % du produit intérieur brut. A la moindre secousse, financière ou politique, le Trésor italien voit s'envoler les taux qu'il lui faut pratiquer pour vendre ses emprunts obligataires. Par effet de contagion, le risque italien pèse sur l'ensemble de la zone euro. La gauche pouvait installer un homme solide et compétent au Quirinal, en la personne de Romano Prodi. C'eût été un signe positif, pour toute l'Europe. La gauche a échoué, victime de ses divisions. Elle rouvre ainsi la porte du gouvernement au parti de M. Berlusconi, perspective atterrante. La grande sagesse du président Napolitano ne suffira pas à sortir Rome de cette mauvaise passe. Éditorial du "Monde"

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