2.12.13
EUA e Irão reaproximam-se
Un accord mobilisant contre lui M. Benyamin Netanyahou, le lobby pro-israélien qui dicte sa loi au Congrès américain, les ultraconservateurs iraniens et l’Arabie saoudite peut-il être mauvais ? Et Israël — un Etat qui n’a pas signé le traité de non-prolifération nucléaire (TNP), qui possède la bombe et qui a violé davantage de résolutions des Nations unies qu’aucun autre au monde — est-il vraiment le mieux placé pour faire la leçon sur tous ces points au régime iranien ?
Aux termes de l’accord intérimaire de six mois conclu le 24 novembre, l’Iran va donc interrompre son programme d’enrichissement de l’uranium au-delà de 5 % en échange d’une suspension partielle des sanctions à son encontre. Dans la région, c’est la meilleure nouvelle depuis le début des révoltes arabes.
La puissance de la coalition hostile à cette nouvelle donne suggère cependant que ce dégel reste lui aussi fragile. Déjà, les deux principaux protagonistes présentent le compromis qu’ils ont conclu comme une concession décisive de la partie adverse : l’Iran, prétend M. Barack Obama, a plié en interrompant son programme nucléaire à visée militaire ; les Etats-Unis, réplique Téhéran, ont admis le droit des Iraniens à l’enrichissement nucléaire. Bien que moins meurtrière que l’autre, cette guerre de communiqués favorise les faucons de chaque camp : aux bulletins de victoire américains, aussitôt diffusés en Iran, répondent autant de propos martiaux, immédiatement commentés à Washington…
Reste l’essentiel : après trente ans d’affrontements directs ou par pays tiers interposés, l’Iran et les Etats-Unis s’apprêtent à normaliser leurs relations. L’événement évoque la rencontre de février 1972, en pleine guerre du Vietnam, entre le président américain Richard Nixon et Mao Zedong. La géopolitique mondiale en fut transformée. Et les rapports économiques suivirent, au point que Pékin finance désormais la dette américaine et que Shenzhen fabrique les iPhone d’Apple.
La détente entre l’Iran et l’ex-Grand Satan pourrait aussi contribuer au règlement des conflits en Syrie et en Afghanistan. Onze ans après le déclenchement de la « croisade » de M. George W. Bush contre l’« axe du Mal », l’Irak est détruit, le Proche-Orient déstabilisé, la Palestine emmurée, une partie de l’Afrique livrée aux actions armées djihadistes. Tel un forcené, le gouvernement israélien s’agrippe néanmoins à ce cadre destructeur. Avec pour complices l’Arabie saoudite et les émirats sunnites du Golfe, désireux que l’Iran chiite demeure diplomatiquement isolé et banni du marché pétrolier.
Tout au long des négociations avec Téhéran, MM. François Hollande et Laurent Fabius ont également traîné les pieds, voire cherché à torpiller un règlement. Le cas de M. Netanyahou est désespéré, mais au moins peut-on formuler le vœu que pendant les six mois délicats qui s’annoncent le fantôme de M. Bush cesse d’envoûter l’Elysée…
Serge Halimi
Le Monde diplomatique
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