10.7.14

Barroso quer continuar em Bruxelas

Le Monde 11/7/14

Après la Commission, José Manuel Barroso se verrait bien à la tête du Conseil européen

Paris et Berlin n’arrivent pas à s’entendre sur le profil et le nom du successeur d’Herman Van Rompuy

Le scénario est peu probable, mais il donne une idée de la confusion du moment : José Manuel Barroso se positionne pour tenter de succéder à Herman Van Rompuy à la présidence du Conseil européen. Tandis que les Vingt-Huit ont du mal à dénicher l’oiseau rare, le président sortant de la Commission européenne aurait, selon nos informations, fait connaître sa disponibilité pour le poste. Après deux mandats controversés à Bruxelles, l’ancien premier ministre du Portugal doit être remplacé d’ici au 1er novembre par Jean-Claude Juncker si celui-ci, comme c’est probable, est élu par le Parlement européen, mardi 15 juillet à Strasbourg.

José Manuel Barroso mène une campagne très discrète. Mercredi 9 juillet, il a rencontré en tête-à-tête François Hollande, qui lui a remis les insignes de Grand officier de la Légion d’honneur à l’Elysée, après avoir parlé à Angela Merkel voici quelques semaines. Le chef de l’Etat et le président de la Commission devaient préparer le Conseil européen du 16 juillet dont l’objectif est précisément de boucler le jeu de carrousel engagé entre les Vingt-Huit pour renouveler les dirigeants bruxellois. Or, la succession de M. Van Rompuy paraît tellement incertaine que la décision a maintenant, selon plusieurs sources, des chances d’être ajournée. « Rien n’oblige à trancher maintenant, car M. Van Rompuy quitte son poste au 1er décembre », souligne un haut diplomate.

Le 16 juillet, chefs d’Etat et de gouvernement pourraient se contenter de nommer le successeur de Catherine Ashton au poste de haut représentant pour les affaires étrangères. La haute représentante sera vice-présidente de la prochaine Commission, dont la composition est annoncée pour début août par Jean-Claude Juncker.

C’est la ministre italienne des affaires étrangères, Federica Mogherini, qui tient la corde, en dépit de son manque d’expérience. Elle bénéficie du soutien d’Angela Merkel, soucieuse de donner des gages à Matteo Renzi, l’homme fort du moment dans le Sud de l’Union. Le président du Conseil italien préfère placer cette proche à Bruxelles plutôt que de soutenir son prédécesseur, Enrico Letta, à la présidence du Conseil européen. Une personnalité dont le rapide passage aux affaires a pourtant laissé un bon souvenir parmi les chefs d’Etat et de gouvernement.

« Candidat inacceptable »

Pour la succession d’Herman Van Rompuy, les tractations piétinent sur fond de désaccord entre l’Allemagne et la France. A la différence de 2009, quand Angela Merkel s’était rangée au choix d’Herman Van Rompuy, soutenu par Nicolas Sarkozy, les deux pays n’ont encore aucun candidat commun pour diriger le Conseil européen. La chancelière allemande et certains au Parti populaire européen aimeraient conserver cette présidence. En face, les socialistes, François Hollande en tête, revendiquent la fonction, en échange de leur soutien au chef de file de la droite Jean-Claude Juncker pour la Commission.

Mais aucune des deux familles politiques n’est capable pour l’instant de proposer un candidat incontestable. Toujours dans la course, la sociale-démocrate Helle Thorning-Schmidt, première ministre du Danemark, a l’inconvénient de ne pas appartenir à la zone euro. Un handicap  certain aux yeux de François Hollande et de nombreux dirigeants. Le chancelier social-démocrate autrichien Werner Faymann, à la tête d’une grande coalition gauche-droite dans son pays, pourrait être intéressé.

Au Parti populaire européen, différents noms continuent de circuler, de l’Irlandais Enda Kenny, au Polonais Donald Tusk, en passant par le Finlandais Jyrki Katainen. Sans oublier José Manuel Barroso, qui semble croire à ses chances, un peu seul contre tous. « C’est un candidat inacceptable pour la gauche, qui en a fait le bouc émissaire des turpitudes de l’Europe », juge un haut diplomate. « Le problème est que personne n’ose le lui dire franchement, même pas Merkel », constate une autre source. « C’est pourquoi M. Barroso continue de penser qu’il a une chance alors qu’il n’en a aucune ».

Philippe Ricard

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