Le tribunal de Minya a condamné à mort, lundi, 683 partisans du président islamiste déchu Mohamed Morsi – dont Mohamed Badie, le guide suprême des Frères musulmans. Fin mars, ce même tribunal avait condamné à mort 529 autres islamistes. Lundi, cette peine a été commuée en prison à vie pour 492 de ces 529 personnes.
Jugés pour des violences survenues le 14 août dernier, les 683 accusés de ce deuxième procès expéditif se voient donc condamnés à mort dans un climat extrêmement délétère en Égypte, où une large majorité de la population, à l'unisson des médias quasi-unanimes, applaudit la répression des islamistes. Depuis la destitution de Mohamed Morsi par l'armée le 3 juillet, cette répression a fait plus de 1 400 morts et 15 000 arrestations.Une cinquantaine seulement des 683 accusés sont en détention - les autres ont été libérés sous caution ou sont en fuite. Parmi eux figure Mohammed Badie, guide suprême des Frères musulmans, la confrérie vieille de 85 ans qui avait remporté toutes les élections depuis la chute du président Hosni Moubarak début 2011, avant d'être déclarée "terroriste" en décembre.
Les partisans de Mohamed Morsi sont jugés pour les violences survenues le le 14 août, journée la plus sanglante de l'histoire récente de l'Égypte. À cette date, policiers et soldats dispersaient deux rassemblements pro-Morsi au Caire, faisant 700 morts et embrasant un pays déjà secoué par des violences quotidiennes depuis la destitution le 3 juillet de son seul président jamais élu démocratiquement.
Procès bâclés, condamnés par la communauté internationale
Le 24 mars, le même juge avait déjà condamné à mort 529 islamistes après une seule audience, un verdict sans précédent dans l'histoire récente selon l'ONU et dénoncé unanimement par la communauté internationale.
Conformément à la loi égyptienne, la peine de mort devait encore être validée par le mufti, représentant de l'islam auprès de l’État.
Avant la décision de commuer 492 de ces peines en prison à vie, les experts judiciaires étaient unanimes : le tribunal n'avait respecté ni la procédure, ni les droits les plus élémentaires de la défense.
Selon Khaled ElKomy, coordinateur de l'équipe d'avocats qui défend les 529 condamnés à mort, 60% d'entre eux "ont des preuves démontrant qu'ils n'étaient pas présents lors de l'attaque du commissariat de Matay" pour laquelle ils ont écopé de la peine capitale.
Cité par le site de pétition Avaaz, il assure que "plus de 60 enseignants peuvent prouver qu'ils assuraient leurs cours au moment des violences, quatre médecins étaient à l'hôpital et d'autres peuvent prouver qu'ils étaient présents sur leur lieu de travail".
"Ceci n'est pas (un acte de) la justice, c'est une attaque haineuse des autorités contre des centaines de leurs citoyens dont les familles vivent le coeur brisé dans la terreur", a estimé le président d'Avaaz, Ricken Patel.
Le gouvernement intérimaire dirigé de facto par l'armée a toutefois défendu l'indépendance de la justice et affirmé que ces lourdes peines avaient été prononcées après "un examen attentif" du dossier. Un point sur lequel le procureur Abdel Rahim Abdel Malek a également insisté. "Nous avons des preuves solides contre tous les condamnés à mort", a-t-il assuré, "des vidéos, des témoignages, des documents prouvant que les Frères musulmans avaient appelé à attaquer des commissariats (...) en cas de dispersion des sit-in (...) et c'est ce qui est arrivé".
Depuis décembre, au moins 1.000 islamistes ont été condamnés à l'issue de procès de masse généralement expéditifs à des peines allant de six mois à la perpétuité, et, outre les 529 de Minya, deux au moins ont écopé de la peine de mort.
(Avec AFP)
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