2.5.12
Mali: golpes e contra-golpes
BAMAKO (Reuters) - Les forces de la junte au pouvoir au Mali se sont emparées mardi de la caserne
principale de la garde présidentielle, unité restée fidèle au président déchu Amadou Toumani Touré qui
avait lancé la veille une tentative de contre-coup d'Etat.
Des dizaines de riverains du camp Djicoroni, théâtre d'intenses combats depuis lundi soir, ont applaudi
lorsque les troupes fidèles à la junte qui a pris le pouvoir le 22 mars ont pénétré dans la caserne
abandonnée par ses occupants, rapporte un correspondant de Reuters sur place.
"J'ai vu les corps de trois Bérets rouges dans une mare de sang", a déclaré un témoin. Un autre dit en
avoir dénombré une dizaine dans et autour du camp.
Selon la junte, les Bérets rouges de la Garde présidentielle cherchaient à retourner la situation après le
renversement du président Amadou Toumani Touré. Les combats, qui se sont déroulés aux abords du
siège de la télévision publique (ORTM), de l'aéroport et des casernes des deux camps, ont fait au moins
27 morts, selon des sources médicales et les correspondants de Reuters.
Le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, a dit avoir dépêché, dès les premiers accrochages, des
unités vers la caserne de la Garde présidentielle pour plaider en faveur de l'unité des forces armées
maliennes.
"Durant l'échange entre mes hommes et les parachutistes, une partie de ces derniers a décidé de
prendre les armes contre nous une fois pour toutes", a-t-il ajouté. "Ils ont tenté de prendre Kati, de
s'emparer de la radio et de la télévision ainsi que de l'aéroport.
"Mais nous étions préparés. Nous avons réussi à tuer certains (militaires) et a capturer d'autres. Et parmi
les prisonniers figurent des soldats étrangers que nous exhiberons à la télévision".
Dans une déclaration enregistrée et diffusée en boucle à la télévision, la junte a affirmé contrôler
l'ORTM, l'aéroport de Bamako et le camp de Kati, la caserne des putschistes. "Ces sites ont été
sécurisés et sont entre les mains des forces de sécurité", a affirmé dans ce texte un porte-parole de la
junte, le lieutenant Mohamed Issa Ouédraogo.
Mardi matin, le directeur de l'aéroport a indiqué à Reuters que ce dernier était fermé en raison de
combats.
LA CÉDÉAO PRÊTE À FACILITER LE DIALOGUE
La junte militaire affirme que les événements de ces dernières 48 heures montrent que les partisans de
l'ancien régime bénéficient de l'aide de combattants étrangers.
Des officiers subalternes accusant le régime en place d'incurie et de laxisme face à la progression d'une
rébellion targuie appuyée par des combattants islamistes dans la moitié nord du Mali ont renversé le 22
mars le président Touré.
Le putsch, qui est intervenu juste avant l'élection présidentielle prévue fin avril, a été condamné par
l'ensemble de la communauté internationale, dont l'Union africaine et la Communauté économique des
Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
Les rebelles touaregs et leurs alliés, notamment Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), ont profité de la
confusion régnant à Bamako pour s'emparer de toute la moitié nord du pays.
Par la suite, la junte a nommé un gouvernement provisoire en vue de rétablir à terme l'ordre
constitutionnel mais les capitaines au pouvoir ont contrarié un plan avancé par la Cédéao visant à
dépêcher au Mali une force de plus de 3.000 soldats chargés de superviser la transition.
Mardi, le ministre burkinabé des Affaires étrangères, Djibril Bassolé, médiateur de la Cédéao dans la
crise malienne, a indiqué que le groupe sous-régional n'avait toujours pas envoyé de troupes sur le
terrain.
"La Cédéao n'a pas envoyé de soldats sur place. Aucune décision n'a été prise à cet égard", a-t-il affirmé
à Reuters qui l'interrogeait par téléphone de Ouagadougou, où des pourparlers prévus ce mardi entre
représentants de la junte maliennes et de la Cédéao ont été annulés.
Motif invoqué par le médiateur: l'avion envoyé la veille pour chercher les délégués de la junte n'a pas été
autorisé à se poser à Bamako.
Le
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