14.4.12

Bissau: o factor Bubo

Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer cette prise d'armes, parmi lesquelles l'opposition présumée des mutins à la réforme de l'armée. Initiée par la communauté internationale, mise en oeuvre par le gouvernement et soutenue par l'Angola, très influent à Bissau (c'est la seule force militaire étrangère ayant un pied dans le pays), celle-ci doit aboutir à une véritable purge, les effectifs devant passer de 12 000 hommes à environ 3 000. Objectif : réduire le poids d'une institution qui, depuis l'indépendance, en 1974, reste le véritable socle du pouvoir politique et le pilier du trafic de cocaïne.
Mais, dans l'armée, cette perspective ne fait pas l'unanimité. Na Tchuto, un officier apprécié dans les rangs et qui fut accusé une première fois de tentative de coup d'État en 2008 avant d'être blanchi et réintégré, est présenté comme un farouche opposant à la réforme. Gomes et Indjai ont au contraire la réputation d'y être favorables - tout comme l'y était le président Sanhá.

Liste noire

Ces derniers temps, des lois sur la réforme de l'armée ont été adoptées. Le gouvernement a versé une première contribution de 500 000 dollars au fonds devant financer la démobilisation. Dans son dernier rapport, qui date du mois d'octobre 2011, le représentant des Nations unies à Bissau parlait de « signes encourageants ». Na Tchuto a-t-il voulu freiner le processus ? « Malgré ces quelques avancées, il n'y a encore rien de concret », relativise un observateur de la vie politique bissau-guinéenne, qui ne croit pas à cette hypothèse.


La pomme de discorde entre Na Tchuto et Indjai ne serait pas la réforme mais le trafic de drogue.

À Bissau, un autre scénario est avancé : la pomme de discorde entre Na Tchuto et Indjai ne serait pas la réforme mais le trafic de drogue. Depuis plusieurs années, Na Tchuto est soupçonné d'être l'une des chevilles ouvrières du trafic de cocaïne. En avril 2010, les États-Unis l'ont placé sur la liste noire des trafiquants. Mais, ces derniers temps, les rumeurs sur une possible implication d'Indjai dans ce trafic se font de plus en plus insistantes. Les deux hommes étaient-ils en concurrence ? Quelques jours après le coup de force, le Parti de la rénovation sociale (PRS), principale formation de l'opposition, affirmait que « la vraie cause des événements du 26 décembre réside dans l'atterrissage d'un avion plein de cocaïne aux abords de Mansoa avec la complicité du gouvernement ».
Jeune Afrique

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